Intervention de Daniel Fasquelle

Séance en hémicycle du jeudi 14 mars 2019 à 9h30
Croissance et transformation des entreprises — Article 44 (appelé par priorité)

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDaniel Fasquelle :

Aujourd'hui, l'État français et la France peuvent s'enorgueillir d'être majoritaires au capital du numéro un mondial du secteur. Je rappelle qu'Aéroports de Paris c'est certes Orly, Roissy, Le Bourget, et un certain nombre d'aéroports et d'aérodromes en France, mais c'est aussi des participations dans un grand nombre d'aéroports dans le monde, comme celui de l'île Maurice, de Santiago, d'Aman, d'Istanbul, d'Antalya, d'Izmir, parmi beaucoup d'autres.

On le voit bien : réduire Aéroport de Paris à La Maison du chocolat, cela n'est pas sérieux, car ADP est un acteur mondial majeur qui joue un rôle important dans son secteur. L'État français doit donc en garder le contrôle. Vouloir se débarrasser d'un groupe international dont le chiffre d'affaires atteint quasiment 5 milliards d'euros – avouez que l'on est loin de La Maison du chocolat – constitue une évidente erreur d'un point de vue stratégique.

Il s'agit aussi d'une erreur parce qu'avec un trafic cumulé de 100 millions de passagers, Orly et Roissy constituent la première frontière de France. Il est essentiel que l'État français en conserve le contrôle complet.

Au-delà de l'erreur stratégique, la privatisation est une erreur en termes d'aménagement du territoire. En effet, de nouveau, la réalité n'a rien à voir avec La Maison du chocolat : Aéroports de Paris est le premier propriétaire foncier d'Île-de-France. Voilà de quoi nous débattons ce matin ! Comment peut-on ne pas vouloir préserver le patrimoine du premier propriétaire foncier d'Île-de-France ? Ce n'est pas sérieux.

L'erreur est également financière et budgétaire. Nous vous l'avons déjà dit, lors des travaux de la commission spéciale, puis lors de l'examen en séance publique, à l'occasion de la première lecture, mais vous ne voulez rien entendre. Le chiffre d'affaires d'ADP est en constante évolution ainsi que ses bénéfices. Vous nous expliquez qu'il faut vendre rapidement afin d'éviter un éventuel retournement de situation, ajoutant que si nous signons très vite nous aurons assuré les 250 millions d'euros par an que doit rapporter la vente d'ADP et de la Française de jeux.

Pourtant, nous savons très bien que le nombre de passagers dans le monde ne cessera pas d'augmenter – il suffit de consulter les chiffres publiés par l'Organisation mondiale du tourisme – , et que la France a l'ambition d'en prendre sa part et de demeurer la première destination touristique du monde. Nous visons les 100 millions de visiteurs ! Tout cela conduira nécessairement au développement du chiffre d'affaires d'Aéroports de Paris.

Se débarrasser d'une entreprise florissante, qui le sera encore davantage demain, constitue bien une erreur financière et budgétaire, d'autant que l'opération est censée permettre la création d'un fonds de rupture de l'innovation… Franchement, vous devriez parfois écouter votre propre discours !

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