Intervention de François Ruffin

Séance en hémicycle du jeudi 14 mars 2019 à 9h30
Croissance et transformation des entreprises — Article 44 (appelé par priorité)

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois Ruffin :

Le trafic aérien représente 3 % des émissions de gaz à effet de serre mais aussi, d'après le GIEC – Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat – , 5 % de l'effet radiatif. L'avion pollue environ dix fois plus que le bus, quarante fois plus que le train. Un aller-retour Paris-New York équivaut au budget carbone d'un Français. Tout cela pour une « hyperclasse » hyper-représentée ici, puisque seulement 5 % de l'humanité a déjà pris l'avion et une infime minorité en fait un usage régulier. Le trafic aérien, nous dit-on, va doubler d'ici à 2050, et tout le monde applaudit : 1 200 aéroports sont en cours de construction, ce qui relance le bâtiment ; on estime qu'en 2050, le transport aérien pourrait peser pour 20 % dans les émissions de gaz à effet de serre, sans compter les terres bétonnées. Tous ces dommages pour quelque chose d'évitable, car l'avion n'est pas un besoin vital, il est utilisé pour les loisirs ou les affaires.

Dans le projet de loi pour un nouveau pacte ferroviaire figuraient quatre-vingt-cinq fois le mot « concurrence » et zéro fois les mots « biodiversité », « réchauffement » et « climat ». Lors des débats, le ministre de la transition écologique et solidaire était absent de ces bancs.

Il est encore absent aujourd'hui. On parle de finance, de budget, de milliards, de digitalisation, de stockage des données, à la rigueur de sécurité, mais toujours pas de l'essentiel : toujours pas de biodiversité, ni de réchauffement, ni de climat, ni de notre survie ensemble. Je souhaiterais un ministre chargé de l'écologie présent sur tous les dossiers. De même que tous les dossiers transitent par Bercy, monsieur Le Maire, ils devraient tous passer, notamment celui-là, par le ministère de la transition écologique et solidaire.

Le C, dans l'acronyme PACTE, est celui de croissance, la sacro-sainte croissance, ce dieu vaudou qu'il faut prier pour espérer son retour. Je me définis en général comme « acroissant », comme on est agnostique. Mais, s'agissant du trafic aérien, je souhaite une décroissance.

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