Intervention de Véronique Louwagie

Séance en hémicycle du mardi 17 octobre 2017 à 22h00
Projet de loi de programmation des finances publiques pour les années 2018 à 2022 - projet de loi de finances pour 2018 — Motion de renvoi en commission (projet de loi de finances)

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaVéronique Louwagie :

Certes, oui, nous avons des visions différentes.

J'en reviens au budget. Nous nous attendions à un budget de révolution. Aussi, à la lumière des propos de M. le ministre de l'économie et des finances, quelle ne fut pas notre surprise de découvrir un budget qui laisse apparaître un déficit de l'État qui se creuse fortement, pour atteindre près de 83 milliards d'euros ! C'est un niveau jamais atteint depuis 2014. Alors que le déficit était de 69,9 milliards en 2016 et que le déficit prévisionnel pour 2017 était de 76,5 milliards, vous culminez, avec près de 14 milliards de plus par rapport à 2016 ! Alors que Bruno Le Maire disait avoir été élu pour diminuer le déficit public, vous ne pouvez pas laisser croire aux Français que le déficit diminue.

Monsieur le ministre, comment Bruno Le Maire peut-il dire que vous mettez fin à une période de trente ans « où l'on redistribuait de l'argent avant de créer des richesses » alors que, dans le même temps, vous présentez un budget dont le déficit croît de manière importante ? Un déficit qui excède de près de 20 % celui de 2016 et de plus de 8 % le déficit prévisionnel pour 2017 ! En fait, vous laissez déraper le déficit, vous le laissez filer.

Et pourtant, la conjoncture est idéalement favorable. Ainsi que vous l'avez indiqué, notre pays renoue avec une croissance plus forte, comme partout en Europe. Selon vos prévisions, le PIB devrait croître de 1,7 % en 2017.

Comme Éric Woerth l'a fait, je veux d'ailleurs saluer la sincérité du Gouvernement sur ses prévisions macroéconomiques, qui ont reçu un avis favorable du Haut Conseil des finances publiques, ce dont nous pouvons nous réjouir. C'est un point positif de ce budget que d'avoir des prévisions prudentes et raisonnables. Je voudrais juste souligner, comme je l'ai fait en commission, que l'appréciation du Haut Conseil porte sur la sincérité des hypothèses, donc des recettes, et non du budget en lui-même. C'est complètement différent.

Cette croissance très favorable, était une chance inespérée pour engager la transformation – un mot que vous aimez – , pour engager la rupture que vous nous promettiez. En effet, ce taux de croissance meilleur que prévu impliquera forcément plus de recettes fiscales que prévu pour l'État. C'est donc un taux de croissance qui devrait vous inciter à plus d'ambition en matière de réduction des déficits, plus d'ambition pour mener des réformes structurelles afin d'accompagner cette croissance.

Hélas, il n'en est finalement rien : au contraire, comme M. Jospin en son temps, vous profitez de ces indicateurs économiques favorables pour réduire les efforts de l'État. Ce renoncement coupable est autant un défaut de courage politique qu'un manque de vision à long terme, donc de responsabilité.

Vous bénéficiez, de surcroît, de taux d'intérêt toujours très bas et d'un prix du baril très avantageux. Tous les ingrédients sont donc réunis pour changer d'ère, pour passer à un budget du XXIe siècle. Mais vous n'en faites rien.

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