Intervention de Éric Alauzet

Séance en hémicycle du vendredi 15 mars 2019 à 15h00
Croissance et transformation des entreprises — Article 8 bis b

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉric Alauzet :

Encore une fois, et ces épisodes vont se répéter de plus en plus souvent, nous sommes confrontés à ce choc entre les questions environnementales et les questions économiques. Ici, avec les produits phytosanitaires, elles mettent en jeu la biodiversité et la santé quand ce n'est pas le climat. Encore une fois, nous sommes confrontés à ce dilemme entre, d'un côté, la protection de l'environnement et de la santé, de l'autre, la préservation de l'emploi. Mais on voit bien que, mois après mois, année après année, le rapport de force se modifie et qu'il devient de plus en plus difficile de maintenir des emplois qui correspondent à des activités qui ont un fort impact sur l'environnement. Pourquoi ? Parce que les progrès de la science amènent toujours plus de certitudes et que la sensibilité de l'opinion est de plus en plus forte, l'évolution actuelle résultant de la combinaison des deux phénomènes.

On s'accroche parce qu'il est vrai que ces emplois sont mis en péril par cette évolution mais ne sommes-nous pas parfois un peu coupables ? En effet, on tient, on tient et, à un moment donné, il y a une goutte d'eau qui fait déborder le vase, un scandale, une étude qui fait basculer les choses et, du jour au lendemain le couperet tombe sur ces emplois que l'on s'est évertué à conserver jusqu'au bout, jusqu'à ce que, donc, les entreprises procèdent aux conversions qu'on attend d'elles depuis longtemps. Car cela fait longtemps qu'elles savent qu'elles doivent se convertir, qu'elles savent que le diesel, l'amiante nuisent à la santé. Souvent, on dit qu'on ne croit pas ce qu'on sait et on pense que cela va passer. Or un jour, parce qu'on n'a pas été assez précautionneux, le couperet tombe, je le répète, et des emplois sont supprimés. Nous risquons par cette attitude d'obtenir des victoires pour un mois, six mois, deux ans… pour finir, à mon avis, par ne plus rien contrôler, emportés que nous serons par la vague.

Nombreux sont les acteurs économiques à en prendre conscience et à se dire que les choses vont changer, à se dire qu'eux-mêmes doivent prendre le taureau par les cornes. Or nous pouvons les accompagner pour qu'ils engagent les mutations nécessaires, pour qu'ils trouvent des solutions alternatives, de nouveaux produits. C'est pourquoi il est important d'inscrire ces trajectoires dans la loi. Il faut fixer des échéances, il faut qu'on sache qu'à un moment donné, ce sera fini et que ce sera fini peut-être plus vite qu'on ne le souhaite.

Je terminerai par un point très important : il faut que les entreprises, vis-à-vis de leurs salariés, vis-à-vis des populations, vis-à-vis de leurs actionnaires, de leur conseil de surveillance, fassent toute la transparence sur les risques qui les guettent, soit les risques financiers, les risques pour leur réputation, les risques en matière de responsabilité. Ainsi, récemment, l'entreprise ExxonMobil a été condamnée par le ministère de la justice, aux États-Unis, pour ne pas avoir informé ses actionnaires du risque que feraient peser sur le cours des actions l'éventuelle interdiction d'exploitations pétrolières – ou tout au moins les obstacles qui pourraient entraver leur activité. On voit bien à quel point les questions environnementales sont susceptibles, désormais, de mettre en danger les entreprises – jusqu'à leur survie – , leurs salariés. Notre responsabilité est donc d'exiger d'elles qu'elles fassent la transparence sur les risques qu'elles encourent.

Nous avons, avec M. Potier, mené de nombreuses batailles, sous la législature précédente. Nous partageons beaucoup d'idées, sur l'évasion fiscale, l'environnement… et nous ne pouvons pas affirmer avoir toujours gagné !

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.