Intervention de Jean-Louis Bricout

Séance en hémicycle du mardi 17 octobre 2017 à 22h00
Projet de loi de programmation des finances publiques pour les années 2018 à 2022 - projet de loi de finances pour 2018 — Discussion générale commune

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Louis Bricout :

Au risque de vous décevoir, et autant le dire d'entrée, ce budget apporte un démenti à vos prétendues bonnes intentions. C'est un budget hors sol, qui laisse au bord du chemin les plus fragiles – et je parle aussi bien des territoires que des hommes. Issu d'un territoire rural qui connaît aussi des difficultés, je puis témoigner que ce budget est ressenti comme une forme de mépris par la population, et comme le signe d'une profonde méconnaissance de la vie sur ces territoires.

Sur la répartition des dotations aux collectivités, par exemple, vous nous dites : « Vous, l'ancien monde, vous n'avez rien compris… Terminé, les coups de rabot. Maintenant, on contractualise. » Très bien, sauf que vous ne daignez discuter qu'avec une minorité, à savoir quelque 300 à 350 collectivités. Elles représentent certes 70 % des dotations, mais que deviennent les autres ? Avec ces dernières, vous ne discutez pas. Au contraire, vous continuez d'appliquer une méthode que vous jugez vous-même d'un autre temps.

Votre méthode revient en quelque sorte à nous dire : « Vous, les territoires déjà oubliés, estimez-vous heureux, on ne baisse pas vos dotations, on vous donne quelques miettes de péréquation, et circulez, il n'y a rien à voir ! » Espérons, soit dit en passant, que la contractualisation se passe bien…

Votre attitude est bien une preuve de mépris et de méconnaissance des spécificités, des difficultés particulières et des retards d'investissement dont souffrent ces collectivités : autant d'éléments qui mériteraient aussi un dialogue sur la gestion, au moins pour les petites villes et les bourgs-centres, pour qui les difficultés s'accumulent.

Non seulement vous n'engagez pas le dialogue, mais vous accablez encore ces territoires ruraux, ces territoires en décrochage. Oui, vous nous avez déjà accablés par la coupe brutale intervenue sur les emplois aidés ; vous accablez ces femmes et ces hommes en parcours d'insertion sociale, professionnelle ou, tout au moins, citoyenne. En même temps, vous pénalisez les collectivités solidaires et soucieuses de leurs populations, soucieuses de contenir leur masse salariale au profit de l'investissement. Vous privez nos collectivités d'un outil d'insertion par le travail.

Plutôt que d'engager le dialogue avec ces territoires fragilisés, vous nous accablez encore, de façon indirecte et sournoise, avec la fiscalité écologique. Certes, la facture est étalée mais, au final, elle représentera, pour un ménage vivant dans la ruralité, environ 145 euros en 2018 et près de 600 euros en 2022 : Valérie Rabault l'a fort bien montré. Bref, c'est encore la ruralité qui se chauffe au fioul et circule au gazole qui trinque…

Vous êtes à ce point déconnectés de la réalité que vous n'avez jamais remarqué que, chez nous, à la pompe, une fois sur deux, celui qui vous précède interrompt son ravitaillement lorsque le compteur affiche 10 ou 20 euros, c'est-à-dire lorsqu'il a juste assez de carburant pour aller au travail. Vous accablez ces gens-là.

Le groupe Nouvelle Gauche, soucieux d'accompagner nos concitoyens les plus modestes, fera de nouvelles propositions, comme celle du doublement du chèque énergie. Quant à la suppression de la taxe d'habitation, compte tenu de bases et de taux faibles dans la ruralité, du nombre d'exonérés dans les petites villes-centres, vous injectez, en volume, moins de pouvoir d'achat sur nos territoires déclassés qu'ailleurs, si bien que la fracture territoriale se creusera encore.

J'en viens à la hausse de la CSG, dont pâtiront nos retraités. Quand je pense que certains d'entre vous estiment qu'à 1 200 euros par mois, on est riche !

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