Intervention de Emmanuelle Ménard

Séance en hémicycle du lundi 18 mars 2019 à 21h30
Organisation et transformation du système de santé — Article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaEmmanuelle Ménard :

Ce projet de loi, que nous attendions tous, est malheureusement une nouvelle déception. Texte patchwork, il manque cruellement d'envergure, alors que les enjeux sont énormes. Historiquement modèle de modernité, notre système de santé est aujourd'hui en déclin. Il ne répond plus aux besoins des Français, qui réclament tout simplement proximité et qualité.

Sur la forme, votre projet de loi est examiné après engagement de la procédure accélérée, car, selon vous, il y a urgence. C'est vrai, mais alors pourquoi avoir attendu près de vingt mois pour aboutir à un texte caractérisé par un recours excessif et abusif aux ordonnances pour un tiers de ses articles ? Quant aux articles restants, on leur apportera des précisions… par décret.

Il est pourtant vrai qu'il y a urgence. On décide enfin de s'attaquer à l'aberration du numerus clausus. Je rejoins le rapporteur de la commission des affaires sociales qui, au début de la discussion générale, posait la question : que ne l'a-t-on fait plus tôt ?

Je vous retourne la question, car dès le mois d'octobre 2017, lors de l'examen du projet de loi de finances, je réclamais cette mesure. On m'expliquait alors doctement que c'étaient des bêtises, que cela ne servirait à rien puisqu'il faudrait plus de dix ans pour inverser la vapeur. Je suis heureuse de voir que vous avez changé d'avis. La fin du numerus clausus, ou plutôt sa révision, devrait permettre de former jusqu'à 20 % de médecins supplémentaires, et nous en avons grand besoin, même s'ils ne régleront pas tout.

Tant d'autres questions restent en suspens ! Comment les médecins pourront-ils être incités à venir s'installer dans les territoires les plus isolés, alors qu'un Français sur dix vit déjà dans un désert médical ? Comment répondre aux médecins libéraux qui s'inquiètent d'une mise sous tutelle par les hôpitaux de référence du fait de votre réforme qui est censée densifier le maillage de notre système de santé ? Comment répondre aux craintes des Français face à une e-médecine qui paraît tellement froide et désincarnée, particulièrement aux yeux des plus fragiles ? Quelle place donnez-vous à la prévention ou à la politique du handicap ?

Votre texte ne comporte rien non plus sur les personnes âgées et la dépendance. Sur ce sujet, vous nous avez annoncé un autre projet de loi pour la fin de l'année 2019. Est-ce à dire que, sur cette question, il n'y a pas urgence ? Nous attendons des réponses sur tous ces points.

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