Intervention de Agnès Buzyn

Séance en hémicycle du mardi 19 mars 2019 à 15h00
Organisation et transformation du système de santé — Article 2

Agnès Buzyn, ministre des solidarités et de la santé :

Je crois que nous poursuivons tous le même objectif : nous voulons faire découvrir aux jeunes médecins l'exercice libéral en zone sous-dense pour y favoriser des installations. Cependant, sous prétexte que nous poursuivons ce même objectif, nous ne devons pas faire de ce projet de loi un catalogue de mesures absolument inappropriées à la formation des médecins.

Je rappelle que nous travaillons aujourd'hui sur le deuxième cycle et sur la fin des ECN. Au terme de ce deuxième cycle, il faudra évaluer les stages des jeunes médecins et l'adéquation de leur parcours de formation avec leur projet professionnel. C'est de ce parcours et des résultats des examens de fin de deuxième cycle que dépendra l'affectation en stage d'internat. Si nous uniformisons la formation des étudiants de deuxième cycle en leur imposant à la fois un stage aux urgences, un stage en médecine générale, un stage en zone sous-dense et un stage en obstétrique, par exemple, les parcours ne seront plus différenciés et il ne sera donc plus possible d'évaluer si le parcours de l'étudiant est en adéquation avec le choix de sa profession. Les amendements nos 430 et 1734 proposent d'élargir au maximum les possibilités de parcours de formation. Il n'y a pas d'ambiguïté.

Nous cherchons à ouvrir un maximum de lieux de stage pour diversifier la formation des jeunes, mais nous ne voulons pas tout normer. Aujourd'hui, nous ne sommes pas capables d'envoyer 9 000 étudiants se former en zone sous-dense. Nous savons aussi que les médecins généralistes exerçant en zone sous-dense ne souhaitent pas recevoir d'étudiants de deuxième cycle car la formation de ces jeunes serait une perte de temps alors qu'ils sont déjà débordés. Autant l'appui d'internes de troisième cycle est intéressant, autant l'accueil de jeunes qu'il faut accompagner dans l'écriture d'une observation ou l'examen clinique représente des heures de perdues pour un médecin généraliste. Je ne vois pas comment être maître de stage pour des étudiants de deuxième cycle pourrait être attractif, sauf peut-être dans certaines maisons pluriprofessionnelles, où les médecins peuvent avoir un peu moins de contraintes temporelles. En cinq ans, nous avons augmenté de 60 % le nombre de maîtres de stage, et cette évolution se poursuit. Notre priorité est de recruter des maîtres de stage pour le troisième cycle et non pour le deuxième cycle.

En outre, les étudiants de deuxième cycle ont énormément de cours : les stages ne représentent qu'une partie de leur temps de formation. Les élèves ont des cours tous les jours à la faculté, ainsi que des cours transversaux le matin dans les hôpitaux. Les envoyer en zone sous-dense pendant quatre mois – c'est la durée des stages en deuxième cycle – leur ferait donc perdre des jours de cours.

Ainsi, cette mesure est techniquement infaisable. Il n'est pas non plus souhaitable de normer complètement les parcours de formation. En adoptant ces amendements identiques, nous vous proposons de ne pas édicter une obligation mais simplement de favoriser une diversification des parcours. Le Gouvernement soutient donc les amendements nos 430 et 1734 .

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