Intervention de Jean-Paul Lecoq

Séance en hémicycle du vendredi 22 mars 2019 à 9h30
Organisation et transformation du système de santé — Article 8

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Paul Lecoq :

La nouvelle définition des hôpitaux de proximité retenue par le Gouvernement indique qu'ils « orientent les patients qui le nécessitent, conformément au principe de pertinence des soins, vers les établissements de santé de recours et de référence ou vers les autres structures adaptées à leurs besoins ». Cette rédaction laisse entendre que les hôpitaux de proximité seront avant tout des gares de triage, des centres de tri visant à réorienter les patients vers d'autres structures de soins, qui disposeront des services et des médecins, notamment les hôpitaux généraux au niveau départemental.

S'ils ne sont pas dotés de missions allant au-delà de la médecine et de la gériatrie, le risque est grand pour ces hôpitaux de proximité de devenir des établissements de seconde zone. Qui voudra exercer dans des hôpitaux sans spécialités ? Depuis le début du débat, le Gouvernement et la majorité prônent des mesures incitatives face aux déserts médicaux. Avec les hôpitaux de proximité, vous mettez en place une véritable mesure désincitative pour les médecins. Ces derniers ont besoin de plateaux techniques de proximité dans l'exercice de leur profession.

C'est la raison pour laquelle nous demandons la suppression de ces dispositions.

Madame la ministre, pour poursuivre la discussion que nous avons eue, hier soir, à propos de l'hôpital de Pont-Audemer, ce même président de CME – commission médicale d'établissement – de l'hôpital du Havre, qui a travaillé sur la question de l'hôpital de Pont-Audemer et qui est psychiatre, m'a expliqué que, s'il a fermé les CMP – centre médico-psychologique – à Gonfreville-l'Orcher et dans les quartiers du Havre, c'est qu'on ne pouvait pas déplacer de la sorte les psychiatres. Ils ne pouvaient pas passer leur temps sur la route mais devaient bien se poser quelque part : il fallait déplacer les patients – des enfants, en l'occurrence.

Or vous venez nous expliquer que, grâce à l'exemple de Pont-Audemer, le fait que les chirurgiens et les médecins se déplacent ne pose aucun problème – ils peuvent bien faire quarante ou soixante kilomètres – , contrairement aux médecins, en tout cas aux psychiatres qui, si je comprends bien, ne peuvent pas en faire quatre ou cinq. Il y a là un petit bémol.

J'aimerais vous faire confiance, mais connaissant l'exemple de Pont-Audemer, je doute que l'avenir soit à cela. Conserver dans tout le territoire des hôpitaux de plein exercice dotés d'effectifs idoines me semble donc la première mesure à prendre.

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