Intervention de Jean-Michel Blanquer

Séance en hémicycle du mardi 26 mars 2019 à 9h30
Questions orales sans débat — Réforme du baccalauréat sur les territoires

Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse :

Madame Park, votre question est très importante. Dans le débat public en cours, on entend beaucoup d'affirmations partiellement fausses à ce sujet.

Comme vous le savez, la réforme du baccalauréat – qui comporte une réforme des lycées général et technologique comme de la voie professionnelle – a pour objectif non seulement l'élévation du niveau général, mais aussi la justice sociale, laquelle est aussi un enjeu de justice territoriale.

Il s'agit d'un enjeu de justice sociale, car l'objectif est justement de lever les prédéterminations. Par exemple, j'entends parfois dire que le nouveau système rendra l'orientation plus précoce qu'elle n'était précédemment. C'est totalement faux, c'est même le contraire.

Dans le système ayant prévalu jusqu'à présent, l'orientation était assez précoce. On devait choisir, en fin de seconde, entre l'une des trois voies d'enseignement général. Le plus souvent, si on ne choisissait pas la voie S, on se fermait plusieurs portes, notamment celles des études scientifiques.

Nous instaurons un système permettant au contraire de se déterminer en fonction d'un choix de spécialités bien plus vaste. N'oublions pas que le premier gain pour l'élève – de seconde, en l'occurrence – , si on le compare aux générations antérieures, est d'avoir un plus grand nombre de choix, ce qui est un vecteur d'équité.

Il s'agira en général d'une trentaine de combinaisons, parfois d'une vingtaine, en tout état de cause bien plus nombreuses que les trois combinaisons toutes faites d'aujourd'hui. Cette liberté est un vecteur d'égalité – c'est un fait.

L'implantation territoriale des spécialités a également fait l'objet de nombreux fantasmes. Il suffit, pour s'en rendre compte, de comparer les discours que certains tenaient aux mois de novembre et décembre et, juste avant les vacances de Noël, l'implantation territoriale des spécialités.

Chacun a constaté que la promesse était tenue. Nous avons fait preuve d'une volonté de justice territoriale, reposant sur une implantation, que je qualifierai de surcompensatoire, des spécialités attractives dans les établissements qui doivent gagner en attractivité.

Les statistiques le confirment. À l'heure actuelle, seuls 84 % des lycées publics offrent les enseignements des trois séries L, ES et S. Je n'entendais personne, soit dit en passant, s'émouvoir au sujet des 16 % de lycées publics qui ne les offraient pas.

Désormais, 92 % des lycées publics proposent au moins sept enseignements de spécialité. C'est donc un progrès au regard des trois voies préexistantes. Les 8 % d'établissements restants sont des lycées très petits, et non des lycées très défavorisés – ce n'est pas la même chose.

Par ailleurs, le nouveau lycée enrichit l'offre d'enseignement des établissements où sont scolarisés les élèves socialement les plus défavorisés. À l'heure actuelle, 82 % des lycées publics les plus défavorisés offrent les enseignements des trois séries L, ES et S. Désormais, 88 % des établissements de cette catégorie dispensent au moins sept enseignements de spécialité.

À l'évidence, l'existence d'une diversité de parcours est un enrichissement. À l'heure actuelle, certains élèves n'ont pas accès aux enseignements proposés dans la série qu'ils choisissent. Les défauts que l'on prête au futur système sont en réalité ceux du passé, que nous avons réussi à atténuer.

Ainsi, dans la voie générale, les enseignements artistiques approfondis ne sont accessibles qu'aux seuls élèves de la série L, soit 10,7 % des élèves de la voie générale en 2017. À la rentrée 2019, tous les élèves pourront choisir parmi les enseignements proposés dans leur établissement. Les enseignements de spécialité artistique, par exemple, sont proposés dans 43,8 % des lycées publics.

Les rectorats ont adopté une vision territoriale doublée d'une exigence d'équité, afin que, grâce à la mise en place de réseaux d'établissements, les élèves puissent bénéficier de cours dispensés dans un autre établissement que le leur si nécessaire.

Quoi qu'il en soit, l'offre est plus riche établissement par établissement. On peut en prendre plusieurs exemples. À l'heure actuelle, l'enseignement du latin ou du grec est proposé dans 12 % des lycées publics ; l'enseignement de spécialité « Littérature et langues et cultures de l'Antiquité » sera proposé dans 24 % des lycées publics, soit un doublement de cette proportion.

En outre, dans 74 % des établissements publics, les élèves pourront choisir de suivre l'enseignement optionnel de langues et cultures de l'Antiquité. Il s'agit d'un progrès considérable, salué comme tel par les spécialistes du sujet.

S'agissant de l'enseignement de l'informatique, seuls 3,5 % des élèves l'étudient au lycée. Dans la nouvelle configuration, 53 % des établissements publics proposeront l'enseignement de spécialité « Numérique et sciences informatiques ». Le progrès sera donc indéniable. Voilà, me semble-t-il, ce qu'il faut d'abord noter s'agissant de la réforme du lycée.

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