Intervention de Jean-Baptiste Séjourné

Réunion du jeudi 7 mars 2019 à 9h00
Mission d'information relative aux freins à la transition énergétique

Jean-Baptiste Séjourné, directeur de la régulation d'Engie :

Dès lors, ces collectivités territoriales et ces entreprises industrielles se trouvent en première ligne pour répondre au défi climatique. Elles ont besoin d'offres pour traiter du mieux possible ces problématiques. Engie souhaite se positionner pour apporter des réponses en matière de solutions intégrées de transition « zéro carbone ». Il s'agit de procéder à une analyse fine des besoins des clients afin de remettre à plat les usages de l'énergie pour réduire drastiquement les consommations, puis de remplacer les équipements anciens par des équipements intelligents et sobres et alimenter l'ensemble avec de l'énergie décarbonée sur la base de leur profil de consommation. Bien entendu, le financement est un élément-clé. Cela doit se faire à un prix compétitif pour être acceptable par le client, ce qui mobilise beaucoup de compétences en matière de dialogue stratégique avec les clients, de conception, d'ingénierie, de construction d'actifs sobres en énergie ou de big data, à travers des plateformes numériques.

C'est un axe sur lequel nous entendons nous positionner fortement. Nous pensons avoir la légitimité et les atouts pour ce faire car, entre 2012 et 2018, nous avons réduit par deux nos émissions de CO2 et, en direction des clients, nous avons développé 1,5 million d'offres de fourniture d'électricité verte. Cela nécessite d'avoir, au niveau de l'ADN de l'entreprise, à la fois la capacité à maîtriser des infrastructures de production d'électricité renouvelable et des solutions clients auprès desquels nous très présents, avec 100 000 techniciens sur site dans le monde, dont 40 000 en France. Nous allons rapprocher les solutions clients des infrastructures et les infrastructures des clients. Ces activités à haute valeur ajoutée sont attendues par les collectivités territoriales et les entreprises. Dans les trois années à venir, nous irons donc, avec les territoires et les clients plus dynamiques, vers une transition énergétique que nous qualifions de compétitive.

Pour ce qui est des freins, je citerai le manque d'ambition et le frein administratif à la dynamique de développement.

Si l'ambition est présente dans la PPE pour l'éolien terrestre et le photovoltaïque, comme l'a dit Bruno Bensasson, ce n'est pas le cas pour l'éolien maritime. Nous pensons qu'eu égard à la compétitivité de la filière de l'éolien posé, les volumes sont insuffisants. Si l'on veut assurer à la France une place de leader dans l'éolien flottant, il convient d'augmenter les volumes.

Nous croyons beaucoup au biométhane et au biogaz qui présentent de nombreux atouts pour le monde agricole. Dans ce domaine, il y a clairement un manque d'ambition, puisque celle-ci est même en retrait par rapport à la loi de transition énergétique. La trajectoire de coût est irréaliste et se situe à un niveau qui n'a jamais été demandé à d'autres énergies renouvelables. La mise en place des appels d'offres est à la fois prématurée et assortie de seuils mal calés.

Dans le domaine de l'efficacité énergétique, nous comprenons mal la réduction de l'objectif de consommation d'énergie finale par rapport à l'objectif de la loi de transition énergétique. L'acceptabilité des factures d'énergie payées par les consommateurs français passe principalement par une amélioration substantielle de l'efficacité énergétique dans toutes les énergies : chaleur, gaz et électricité. Nous ne comprenons donc pas ce recul de l'ambition.

Quant aux freins administratifs, nous attendons un cadre réglementaire stable, des mécanismes de soutien prévisibles, une visibilité à moyen et long terme sur les volumes et sur les calendriers d'appels d'offres par filière, ainsi que des simplifications des procédures pour atteindre des rythmes de développement comparables à ceux des meilleurs pays européens. Or nous en sommes loin.

Je conclurai sur une note d'optimisme. Nous allons dans la bonne direction avec les groupes de travail de M. Lecornu et de Mme Wargon, au travers de la loi d'août 2018 pour un État au service d'une société de confiance (ESSOC) que vous avez votée. Nous ne sommes pas encore au niveau souhaité, mais la méthode est bonne. Les professionnels connaissent ce sur quoi il faut agir aux niveaux législatif et réglementaire. Un cadre simplifié, favorable au développement des énergies renouvelables (ENR) commence à être mis en place. La levée des freins est possible si l'on s'y engage. C'est une condition d'autant plus importante que, au-delà du développement des énergies, eu égard à l'ambition de développer en France une filière industrielle des ENR, si on ne réussit pas le premier point, on sera incapable de réussir le second.

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