Intervention de Catherine Girard

Réunion du jeudi 7 mars 2019 à 9h00
Mission d'information relative aux freins à la transition énergétique

Catherine Girard, experte énergie de la direction du Plan environnement de Renault :

Monsieur le président, mesdames et messieurs les députés, merci de nous fournir l'occasion de nous exprimer sur ce sujet important.

Renault s'est pleinement engagé dans le développement du véhicule propre qu'il conçoit électrique depuis maintenant une dizaine d'années. Aujourd'hui, en Europe, un véhicule électrique vendu sur cinq est une Zoe. Les constructeurs et l'ensemble de la filière sont maintenant tournés vers l'avenir. Ils ont intégré le caractère ambitieux des objectifs « climat » de la France à horizon 2040 et de la trajectoire de baisse des émissions de CO2 à l'horizon 2030, initiée par la Commission européenne. Nous les avons intégrés dans notre feuille de route parce que le véhicule électrique est une réponse immédiate à des enjeux climat centraux, à condition que l'écosystème correspondant soit mis en place. Cela suppose d'identifier les freins sur lesquels nous devons agir collectivement pour assurer le développement constant du marché du véhicule électrique et surtout de s'assurer de la mise en cohérence entre le court terme, le moyen terme et le long terme.

Les freins sont aujourd'hui de deux natures, dont certains ont déjà été indiqués par mon collègue de PSA.

Les freins de nature technologique sont largement dans notre cour. Aujourd'hui, les constructeurs investissent beaucoup sur l'amélioration de l'autonomie et du temps de charge. Ces éléments sont extrêmement importants dès lors que l'on veut vendre un véhicule à des consommateurs attentifs à ces deux points. Notre volonté est de proposer un portefeuille de véhicules élargi, qui permette à chacun de trouver le modèle répondant à son usage.

Nous poursuivons également nos investissements en vue d'une évolution des coûts. Nous profitons de notre expérience pour baisser les coûts, car un écart subsiste entre le coût d'un véhicule électrique et celui d'un véhicule thermique. C'est pourquoi le maintien durable d'un bonus écologique de 6 000 euros est une condition sine qua non au maintien de la dynamique du marché électrique. Garder cette visibilité à moyen terme est également un élément important. Rappelons que Renault est clairement positionné sur un véhicule électrique abordable.

Le second type de frein est lié à l'usage. Trois enjeux sont clairement définis.

Le premier est d'assurer le développement en termes de nombres et d'évolution spatiale des bornes de recharge publiques en voirie, dans les commerces, dans les parkings, les aéroports, les gares. Il faut assurer une cohérence territoriale optimisée pour obtenir une cohérence territoriale de la distribution des points de charge, sans oublier les points de charge rapide, lorsque cela le nécessite, sur des axes de voies rapides ou autoroutiers.

Le deuxième enjeu, c'est la notion de qualité. Ce n'est pas un vain mot, car il faut faire de la pédagogie auprès des usagers ou des futurs usagers, les rassurer, être attentif à l'accessibilité des points de charge publics, à la signalisation, à la maintenance et à l'adaptation aux changements technologiques.

Le troisième enjeu lié à l'usage concerne la simplification et la clarification du droit à la prise. L'obtenir dans le cadre d'une copropriété relève aujourd'hui du parcours du combattant. Il est essentiel d'accompagner les demandes collectives.

Sur ces sujets, nous avons proposé aux députés un certain nombre de mesures dans le cadre du projet de loi LOM.

Parallèlement, nous continuons à investir et à développer nos expérimentations dans les domaines de la charge intelligente, ou smart charging, de la réutilisation des batteries et des batteries de seconde vie, du stockage de l'énergie et des énergies renouvelables au travers d'un certain nombre de projets. C'est le cas de la mise en place, à Belle-Île-en-mer, d'un écosystème électrique intelligent visant à créer une dynamique vertueuse autour de l'électrique. En ce sens, le véhicule électrique est une aide incontournable à la transition énergétique dans sa multiplicité des usages tout au long de son cycle de vie, en même temps qu'un soutien au développement des énergies renouvelables.

Je conclurai en citant deux chiffres. L'essor du véhicule électrique, c'est aujourd'hui + 45 % en Europe et + 27 % en France. On part d'assez bas, et tout reste à construire. En tant que constructeur, nous sommes un maillon de la chaîne, mais nous voulons aussi être un acteur de l'écosystème global. Nos efforts doivent être poursuivis. Privé et public, nous devons travailler en partenariat, parce que nous avons besoin de cohérence. Nous avons besoin que l'État porte un discours pérenne et nous aide à mettre en place un écosystème favorable pour faire de la France un pôle d'excellence du véhicule électrique. De grands défis s'offrent à nous mais aussi de belles opportunités. Sachons les saisir et maintenons nos efforts conjoints pour assurer une trajectoire bas carbone optimisée.

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