Intervention de Yves Marignac

Réunion du jeudi 7 mars 2019 à 11h05
Mission d'information relative aux freins à la transition énergétique

Yves Marignac, porte-parole de l'association négaWatt :

Bien plus que ça ! Il s'agit de la multiplication par 3,5 de la production d'énergie renouvelable dans laquelle la biomasse, essentiellement la biomasse solide et le biogaz, fournit pratiquement la moitié de la production énergétique. On ne doit pas être très loin des chiffres de l'ADEME. Dès lors qu'on fixe le même cadre de réflexion pour ces visions prospectives et qu'on réfléchit aux mêmes types de contraintes, on aboutit aux mêmes conclusions.

Il est essentiel de mobiliser le potentiel de la biomasse, d'abord pour autre chose que l'énergie, ensuite pour l'énergie. La combustion représente aujourd'hui 75 % de nos besoins en énergie, et il est difficile d'envisager d'obtenir cela par l'électrification sans garder de la combustion à base de biomasse. Nous avons donc besoin de biomasse combustion, mais pour maintenir ou libérer ce potentiel, il est indispensable d'agir dans les domaines de l'utilisation des sols, de la logique de la mobilité, de l'urbanisme, de l'aménagement du territoire et sur les besoins. Je rejoins ce qui a été dit sur les changements de modes alimentaires, notamment vis-à-vis de la part carnée, ainsi que sur les modes de productions agricoles. Dans le scénario de négaWatt, toute la biomasse provient de coproduits ou sous-produits d'usages prioritaires de la biomasse pour l'alimentation et pour la production de matériaux.

En outre, il convient de bien réfléchir aux notions d'usages, d'infrastructures et de ressources. D'où l'importance pour nous de valoriser le réseau gaz est de s'orienter vers un usage gaz, y compris à terme vers le power to gas comme clé de voûte du système, et d'être toujours très vigilant sur les conditions d'usage de la biomasse au regard de la soutenabilité.

De notre point de vue, la PPE marque un glissement préoccupant des objectifs de la loi. Il est paradoxal de voir, quatre ans après l'adoption de la loi de transition énergétique, une PPE qui appelle à réviser les objectifs de la loi, alors que la logique serait d'avoir une PPE conforme à ses objectifs. La PPE s'écarte aussi de la SNBC. Nous nous retrouvons bien davantage dans la vision à long terme de la SNBC, malgré des divergences avec le scénario défendu par la DGEC. La PPE marque un glissement de l'approche formulée dans l'article 1er de la loi relative à la transition énergétique, favorable la sobriété et à l'efficacité de la part des énergies renouvelables, vers du tout-électrique décarboné. Porté par l'illusion de la facilité à court terme, celui-ci représente un vrai danger potentiel à long terme. D'une façon générale, les objectifs de la PPE en matière d'énergies renouvelables et plus spécifiquement de biomasse – je ne reviens pas sur les évolutions des mécanismes pour le biogaz – sont pour nous des signaux d'alerte inquiétants sur un glissement de la vision politique de la transition énergétique et une perte de vue de l'importance d'actions permettant d'aller au bout d'une trajectoire et d'atteindre les objectifs de long terme.

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