Intervention de Thierry Benoit

Séance en hémicycle du mardi 26 mars 2019 à 15h00
Pratiques de la grande distribution et de ses groupements dans leurs relations commerciales avec les fournisseurs — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaThierry Benoit :

Je suis bien entendu très heureux que nous nous retrouvions pour décider de créer une commission d'enquête sur le sujet dont nous parlons, tant il préoccupe l'ensemble des groupes politiques sur nos bancs. Il suffirait, pour s'en convaincre, d'observer notre hémicycle, où siègent cet après-midi un ancien ministre de l'agriculture, un ancien ministre de l'agroalimentaire et un certain nombre de députés, parmi lesquels Philippe Vigier et Charles de Courson, qui travaillent avec moi sur le sujet depuis une dizaine d'années. C'est aussi le cas de Daniel Fasquelle, qui rappelait que le groupe UDI, Agir et indépendants est, par ma voix, à l'initiative de cette proposition.

En lançant les états généraux de l'alimentation, le Président de la République, dans ses premières conclusions, le 17 novembre 2017, déclarait que l'on allait dorénavant, en France, inverser la construction du prix. Cela revenait à dire que les agriculteurs allaient fixer, à partir des coûts de production, les prix des produits qui, mis sur le marché, deviennent des denrées alimentaires. Depuis cinquante ans, soit un demi-siècle, on a laissé, en France et en Europe, la part belle à ce mode de distribution qu'est la grande distribution.

De fait, le secteur a fait ce qu'il a voulu, obtenant d'abord des prix bas par les volumes. Pourquoi, dans les années soixante et soixante-dix, nos parents et grands-parents allaient-ils faire leurs courses dans les enseignes de grande distribution installées à la périphérie des villes ? Parce que c'était moins cher, Richard Ramos le rappelait. Dans ces années-là, le consommateur recherchait d'abord des prix bas. C'est pour cette raison qu'en Bretagne, les gens couraient chez Édouard Leclerc, qui venait d'installer ses magasins.

Ensuite, la grande distribution a obtenu des délais de paiement. Elle vendait ses produits et rémunérait ses partenaires deux ou trois mois plus tard. Puis il y eut les marges arrière, sur lesquelles les gouvernants ont dû intervenir, en raison des dérives auxquelles elles donnaient lieu. Enfin s'est posée la question des seuils de revente à perte, sans parler, autres sujets, de l'emprise croissante en termes de mètres carrés, ni de la dévitalisation de nos centres-bourgs et de nos villes moyennes.

Se pencher sur la grande distribution en France et en Europe, c'est en effet poser la question d'un modèle. Je ne suis pas parti en croisade, et, dans cette affaire, je n'ai aucun compte à régler avec qui que ce soit. Mais, et je m'adresse ici à nos concitoyens de France, mon expérience de député, depuis trois législatures, m'a d'abord conduit à débattre, âprement, de la loi de modernisation de l'économie, que je n'ai pas votée, précisément en raison du déséquilibre des relations commerciales. Puis, il y a trois ou quatre ans, Charles de Courson, Philippe Vigier, Yannick Favennec Becot et moi avons guerroyé sur cette question des relations commerciales entre la grande distribution et les industriels.

Notre préoccupation se fondait sur un constat. Depuis de nombreuses années, nous avons en effet – et je me tourne vers Stéphane Travert, qui partage mon sentiment sur ce point – les meilleurs agriculteurs du monde.

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