Intervention de Amélia Lakrafi

Séance en hémicycle du vendredi 29 mars 2019 à 9h30
Coopération en matière de défense avec le nigéria — Présentation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAmélia Lakrafi, rapporteure de la commission des affaires étrangères :

.. et une classe moyenne représentant 20 % de la population. Même si la richesse est très inégalement répartie, ces chiffres donnent une idée de son potentiel considérable.

Le Président Muhammadu Buhari, réélu le mois dernier avec une confortable majorité, devra toutefois s'atteler urgemment à relever de nombreux défis. Le Nigéria est, en effet, un géant aux pieds d'argile ; il fait face à des problèmes sécuritaires multiples : le terrorisme, avec Boko Haram, les conflits entre agriculteurs et éleveurs dans la région de la middle belt et la piraterie maritime dans le golfe de Guinée, entre autres.

Les préoccupations sécuritaires du Nigéria rejoignent les nôtres dans cette région du monde. La France est engagée militairement dans la lutte contre le terrorisme dans la bande sahélo-saharienne, juste au nord du Nigéria. Notre marine nationale est présente en permanence dans le golfe de Guinée, avec la mission Corymbe. Les militaires français se trouvent aussi un peu plus à l'Est, en Centrafrique, et au Sud, au Gabon. Le Nigéria apparaît donc comme un partenaire incontournable dans cette région du monde.

Pourtant, lorsque l'on regarde l'historique de notre coopération de défense, on est surpris de constater qu'elle se résume à bien peu de chose. En réalité, avant 2014, nous n'avions que très peu d'échanges avec le Nigéria dans ce domaine. Ce terrain était entièrement abandonné aux Américains et aux Britanniques. Il ne s'agit donc pas de refonder, mais de fonder un partenariat de défense avec le Nigéria. C'est d'ailleurs la première fois que nous négocions un accord de ce type.

Notre coopération a pris une nouvelle forme, notamment dans le cadre de la lutte contre Boko Haram ; notre renseignement fournit un appui au Nigéria. Ce soutien a reçu un accueil très favorable de notre partenaire. Depuis, nous avons progressivement élargi le champ de notre coopération, mais son ampleur demeure modeste.

J'ai rencontré l'ambassadrice du Nigéria en France et me suis également rendue sur place. À chacune de ces occasions, j'ai constaté à quel point les Nigérians sont demandeurs pour développer la coopération avec nous, à côté de ce que font déjà les Britanniques et les Américains. Ils veulent notamment que nous leur apportions un appui pour coopérer avec leurs voisins francophones. Nous le faisons en développant l'enseignement du français en milieu militaire. Ils souhaitent aussi que nous les accompagnions dans l'accroissement de leurs capacités maritimes. L'ambassadrice du Nigéria m'a exprimé son souhait d'entretenir une coopération avec la France de même niveau que celui que nous avons avec les pays du G5 Sahel.

À l'évidence, nous devons mettre ces demandes en perspective avec nos moyens. Nos militaires et nos équipements sont déjà très sollicités avec l'opération Barkhane, qui couvre un territoire grand comme l'Europe, et nous ne pouvons malheureusement pas être partout. Pourtant, je pense qu'il est indispensable que nous soyons plus présents au Nigéria, tant le poids de ce pays est considérable dans la région. Le développement de notre coopération de défense aura des effets bénéfiques dans tous les domaines, y compris économique. Nous ne devons pas laisser la place à d'autres. Nos partenaires n'hésitent pas à venir nous concurrencer dans nos zones d'influence traditionnelles ; nous devons faire de même en Afrique anglophone.

Et c'est ce que nous faisons avec cet accord. À première vue, celui-ci ne révolutionne pas notre coopération militaire avec le Nigéria ; il offre un cadre juridique protecteur pour encadrer les actions de coopération déjà en place, qui devraient s'en trouver facilitées. Cet accord peut également favoriser notre coopération dans le domaine de l'armement.

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