Intervention de Jean-Michel Jacques

Séance en hémicycle du vendredi 29 mars 2019 à 15h00
Coopération en matière de défense avec le nigéria — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Michel Jacques :

Vous l'avez compris, l'objectif de cet accord est de jeter les bases juridiques d'une coopération qui se veut pérenne en matière de défense avec notre nouveau partenaire africain, le Nigéria, pays le plus peuplé et le plus riche de la région.

La France est un acteur de premier plan dans la région subsaharienne. Comme vous le savez, sur le plan militaire, nous agissons à proximité immédiate du Nigéria, notamment à travers l'opération Barkhane. Depuis 2014, les volontés françaises et nigérianes sont claires : nouer un réel partenariat stratégique entre nos nations afin de répondre ensemble aux enjeux sécuritaires de la région subsaharienne.

À ce jour, nous sommes confrontés à deux problématiques majeures.

La première est la lutte contre les groupes armés terroristes, comme Boko Haram et d'autres mouvances al-quaïdistes, qui sévissent dans le nord du Nigéria. C'est à ce titre, d'ailleurs, que la force Barkhane vient d'apporter et apporte un soutien ponctuel à l'armée nigériane, notamment en matière de renseignement.

La seconde problématique majeure tient à la sécurité maritime et aux capacités d'action de l'État en mer dans le golfe de Guinée. Cet espace, riche en ressources halieutiques et en hydrocarbures, est confronté régulièrement à des actes de piraterie, mais aussi à la pêche sauvage et à la pollution des eaux. En 2018, les actes de piraterie ont connu un bond sans précédent dans la région. Le Bureau maritime international a recensé 201 attaques au cours de cette année, ce qui fait du golfe de Guinée la zone la plus touchée par la piraterie en Afrique, devançant même le tristement célèbre golfe d'Aden. Voilà pourquoi la France est présente aux côtés de ses partenaires, à travers l'opération Corymbe comportant un bâtiment de la Marine nationale qui assure une permanence à la mer dans le golfe de Guinée.

Cet accord jette les bases d'une coopération prometteuse entre nos deux pays, qui devra d'ailleurs aller au-delà de l'aspect strictement sécuritaire. Si la sécurité est parfois considérée comme la première des libertés, je préfère nuancer cette analyse et souligner le lien de réciprocité existant entre la sécurité et le développement. En effet, comment imaginer le développement économique et humain dans une région en proie à l'instabilité et à la violence ? Comment imaginer des populations apaisées si leurs besoins fondamentaux ne sont pas satisfaits ? J'en suis persuadé, il ne peut y avoir de développement sans sécurité, ni de sécurité à long terme sans développement. Notre approche doit donc être globale. Tel était d'ailleurs le sens de l'allocution du Président de la République à Ouagadougou, le 28 novembre 2017, lorsqu'il a pris « l'engagement d'avoir une France au rendez-vous du défi du développement ».

Vous l'avez compris, il est naturel et souhaitable de renforcer notre coopération avec le Nigéria, véritable porte d'entrée vers les pays du Sahel grâce à son tronçon routier de 1 200 kilomètres et au port de Lagos, l'un des plus importants de la région. L'ensemble constitue une véritable artère, qui permet le transit des marchandises.

Il est donc essentiel de renforcer nos liens avec le Nigéria afin de pouvoir anticiper les facteurs potentiels de déstabilisation de la région. L'Union européenne l'a d'ailleurs bien compris, puisque le Fonds européen de développement prévoit une enveloppe de 511 millions d'euros pour le Nigéria pour la période 2014-2020.

Je vous invite donc, mes chers collègues, à voter le présent projet de loi, qui permettra de renforcer notre coopération de défense avec ce pays ami en lui fournissant un cadre juridique adéquat.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.