Intervention de Jean-Luc Mélenchon

Réunion du mercredi 7 novembre 2018 à 9h30
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Luc Mélenchon :

Je voudrais d'abord dire à nos deux invités qu'ils sont les bienvenus pour nous tous et que leurs analyses et points de vue comptent beaucoup dans la formation de notre propre réflexion politique. Nous avons besoin d'eux et de leurs éclairages.

Nous partageons, je crois, à peu près tous ici le diagnostic sur l'incidence du changement climatique sur l'ordre du monde, et sur le fait que, souvent, ce changement sera le facteur déclenchant. Si l'on allait chercher dans l'histoire, on pourrait rappeler le rapport entre l'éruption d'un volcan islandais et la Révolution française – mais je ne remonterai pas si loin. Cette fois, nous avons affaire à des événements globaux, auxquels aucune forme, aucune structure ni aucun régime politique ne pourra échapper. J'aimerais cependant que vous nous apportiez un éclairage supplémentaire sur les conséquences des événements climatiques extrêmes. Nous traitons là du changement climatique et de ses répercussions sur un régime économique ou agricole, mais une autre incidence me semble devoir être prise en compte, en lien peut-être aussi avec ce qui a été dit tout à l'heure quant à l'importance de la mer et de la montée du niveau des eaux dans le monde.

Ce sont les événements climatiques extrêmes qui détruisent de manière irréversible un certain nombre de structures. Je soumets en particulier à notre réflexion le fait qu'une tornade ou un cyclone en Louisiane n'entrainerait pas les mêmes destructions que s'il touchait New York ou Washington. Je rappelle que huit des plus grandes villes du monde sont situées sur un littoral et, par conséquent, ne peuvent échapper à un événement de cette nature. Quelle est votre appréciation sur ce point ? Avez-vous le sentiment que le monde ordonné est en état de faire face à ces événements, ou bien avez-vous le sentiment que s'il arrivait quelque chose, il faudrait se débrouiller car rien n'est prévu ?

Pour notre part, nous considérons que le process actuel de dérèglement climatique est irréversible. Les engagements de la COP21 portaient sur un réchauffement limité à 2 degrés, puis on a retenu 1,5 degré pour rendre possibles certaines signatures. Mais tout le monde a été capable de lire que le cumul des engagements des États représentait 3,5 degrés. Par conséquent, le processus semble irréversible et la catastrophe assurée. Quelle est votre évaluation de la situation ? Avez-vous le sentiment que l'on se prépare au fait qu'à un moment ou à un autre le système interrompra son fonctionnement, au moins dans son caractère global ? Si 90 % des échanges commerciaux se font par la mer, le changement de régime aura clairement une conséquence sur la façon dont nous organisons le commerce mondial – tout repose là-dessus.

Par ailleurs, devinez-vous une possible réorganisation politique, là où les événements climatiques ont rendu caduques les formes d'organisation, les frontières, les tracés, les parcours ou les regroupements régionaux ? Avez-vous le sentiment de voir se dessiner une nouvelle carte, ou voyez-vous seulement une ancienne carte s'effondrer ?

Enfin, devons-nous faire des propositions, et certaines sont-elles déjà exprimées, sur le partage des techniques de réparation et de sauvegarde lorsque la catastrophe arrive, que ce soit pour l'accès à des médicaments, en dehors des cadres des brevets, ou aux techniques elle-même – moyens de production, moyens de production d'énergie, etc. ? Vos éclairages seront précieux dans ce domaine.

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