Intervention de Christophe Castaner

Réunion du mercredi 27 mars 2019 à 16h30
Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la république

Christophe Castaner, ministre de l'Intérieur :

Je suis d'accord avec vous : heureusement, le ministre ne participe pas au pilotage opérationnel. En tout cas, je me l'interdis, par principe et peut-être par modestie.

Cela m'amène à répondre à la question d'Élise Fajgeles. Samedi dernier, la manifestation se présentait plutôt bien à Denfert-Rochereau, mais, dès le début, alors même que 500 personnes seulement étaient présentes, nous avons assisté à des tentatives de dispersion et de départ dans les rues adjacentes. La manifestation était alors maîtrisée et accompagnée jusqu'à Montmartre, où a eu lieu une fausse dislocation : 800 personnes partent et, conformément à leur procédé habituel, mettent immédiatement le feu à des poubelles pour voir la manière dont nous réagissons. Nous avons alors senti que, malgré le changement de doctrine, nous étions à la limite de la rapidité. Nous en avons tiré les enseignements avec le nouveau préfet de police, en décidant de renforcer la mobilité et la rapidité d'intervention. Pourtant, un groupe de policiers équipés de 60 motos avait été déployé... Je précise, à ce propos, qu'il ne s'agit pas de voltigeurs car on a posté, sur les réseaux sociaux, des photos de policiers se déplaçant à moto pour réveiller une mémoire douloureuse.

Prétendre qu'on a la solution ou affirmer que, demain, il n'y aura plus de problèmes – cela vaut pour les vols, les cambriolages, les attaques… –, ce serait mentir aux gens. En revanche, il faut se donner les moyens nécessaires, et c'est ce que nous tâchons de faire avec le préfet de police.

Enfin, monsieur Gosselin, le Conseil d'État aura à se prononcer, mais, je le rappelle, le décret en question a été pris en Conseil d'État, donc après avis de celui-ci. J'ajoute que, selon sa jurisprudence, une manifestation non déclarée peut être interdite dès lors que l'autorité de police dispose d'informations suffisantes quant à sa tenue, son objet ou les risques induits. J'ai le sentiment que tel était le cas lorsque nous avons décidé d'interdire aux manifestants de se rendre sur les Champs-Élysées.

En conclusion, force est de constater, aujourd'hui, que ceux qui manifestent n'ont plus de revendication. Dès lors, aucune réponse ne permettrait de leur dire – je ne parle pas des « gilets jaunes » – qu'ils ont gagné et qu'ils peuvent rentrer chez eux, si ce n'est la décapitation du ministre de l'intérieur en place de Grève – et je ne suis même pas certain que cela suffise. Voilà la véritable difficulté : nous devons faire face à des revendications qui n'en sont plus ou qui n'ont d'autre objet que de susciter le chaos. À preuve, la décision qui a été prise, dès lundi, par des manifestants présents samedi dernier de revenir sur les Champs-Élysées. J'ai donc donné des instructions extrêmement précises au préfet de police pour que toute manifestation sur cette avenue, samedi prochain, qui ne serait qu'une provocation à de nouvelles violences, soit interdite.

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