Intervention de Général Richard Lizurey

Réunion du mardi 10 octobre 2017 à 17h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Général Richard Lizurey, directeur général de la gendarmerie nationale :

Je pense particulièrement à Mayotte. Tous les jours, j'entends parler de caillassages de gendarmes et de véhicules, d'agressions, ou d'opérations de « décasage » du fait de tensions intracommunautaires. La situation à Mayotte constitue une bombe sociale, qui explosera on ne sait pas quand. Mais cela arrivera. Cela a failli arriver en début d'année, pour un problème de manque d'eau. Pendant quinze jours, il y a eu des coupures d'eau deux jours sur trois, alors qu'il faisait très chaud. On a même dû évacuer des gendarmes et des familles. Ce manque d'eau a canalisé les tensions. Elles sont toujours là, et il est certain qu'à Mayotte, un jour ou l'autre, nous serons confrontés à des difficultés. Pour moi, c'est le territoire le plus préoccupant.

La Guyane est, selon moi, le deuxième territoire le plus préoccupant. Certes, la lutte contre l'orpaillage est un souci. Mais je parle d'abord des zones très peuplées, comme Saint-Laurent-du-Maroni, Cayenne et Kourou La situation est assez difficile à Kourou, avec le centre spatial et ses cadres qui ont un niveau de correct, et tout autour, des gens socialement très défavorisés qui ne cherchent qu'une chose : aller chercher l'argent là où il est. Le niveau de violence augmente en Guyane, et je ne vois pas très bien comment les choses peuvent s'arranger, sauf à y envoyer des troupes. Aujourd'hui, j'ai sept escadrons de gendarmes mobiles sur place, en renfort. La Guyane est, de fait, l'endroit du territoire national où il y a le plus d'escadrons en renfort. Je précise que j'ai 109 escadrons au total, et que 25 sont déplacés en permanence en outre-mer.

Pour ce qui est de la situation aux Antilles, elle est toujours marquée par un niveau de violence assez élevé, mais on constate une relative amélioration. La délinquance s'est un peu stabilisée, ce qui s'explique aussi par l'évolution sociologique de la population antillaise, marquée notamment par un certain vieillissement. Ainsi, les ingrédients historiques d'une violence endémique ont tendance à diminuer.

Le dernier territoire méritant une vigilance particulière est la Nouvelle-Calédonie, où le nombre d'agressions repart à la hausse. Depuis le mois d'octobre 2016, vingt gendarmes ont été blessés par balle – ce qui fait de cette île l'endroit du territoire national où l'on compte le plus de blessés par balle –, ayant fait l'objet de tirs directs, avec des projectiles transperçant les blindages des véhicules blindés à roues de la gendarmerie (VBRG), ce qui est très préoccupant. On retrouve en fait tous les ingrédients d'une situation que l'on a connue il y a quelques années, et il est certain que le référendum qui doit avoir lieu à la fin du deuxième semestre 2018 ne va faire qu'exacerber les tensions, ce qui doit nous conduire à faire preuve d'une vigilance accrue et à renforcer nos troupes sur place. J'ai actuellement cinq escadrons en Nouvelle-Calédonie, et j'ai projeté les moyens permettant d'équiper rapidement jusqu'à neuf escadrons en cas de nécessité.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.