Intervention de Général Richard Lizurey

Réunion du mardi 10 octobre 2017 à 17h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Général Richard Lizurey, directeur général de la gendarmerie nationale :

Depuis 2015, nous avons bénéficié d'une capacité d'achat de matériel supplémentaire de 317 millions d'euros. Cette somme nous a servi à acheter beaucoup de matériels de protection et d'équipement des personnels, ainsi que des véhicules.

Pour ce qui est de la mise en réserve que vous avez évoquée, c'est un peu la quadrature du cercle. Lorsque je viens devant vous comme je le fais aujourd'hui, au moment de la présentation du projet de loi de finances, j'ai toujours l'impression que le budget alloué à la gendarmerie est correct, ou du moins que nous pourrons nous y adapter au prix de quelques efforts. Malheureusement, à peine le budget a-t-il été voté que l'on m'annonce que nous ne disposerons pas de la totalité des sommes qui nous avaient été promises, une partie de celles-ci devant être mises en réserve. Pour 2018, les 3 % à mettre en réserve sont générés par la totalité de la réserve hors titre 2, ce qui représente 1,3 milliard d'euros, dont 700 millions d'euros de dépenses obligatoires, liées notamment aux loyers. Les loyers produisant une mise en réserve que je ne peux pas faire porter sur le loyer, je suis obligé de la faire porter sur le hors titre 2 manoeuvrable, ce qui est à l'origine d'une double peine – le hors titre 2 manoeuvrable supportant en tout 7 % de mise en réserve, susceptible d'être annulée à n'importe quel moment, comme on l'a encore vu l'année dernière.

Tous les ans, c'est une décision difficile à prendre que de mettre en place une mise en réserve sur des programmes d'achat qui ne pourront peut-être pas être réalisés dans l'année. Je me félicite que la mise en réserve pour 2018 ne soit que de 3 % alors qu'elle était de 8 % l'année dernière, mais il y aura encore des choix difficiles à faire impliquant de flécher des matériels que l'on achètera que l'année prochaine. Ces choix reviennent au directeur général et au responsable de programme, qui décident généralement de faire porter la mise en réserve sur des programmes au long cours, notamment sur l'immobilier, qui a toujours été une variable d'ajustement – ce qui explique la présence de certains points noirs immobiliers, à Nanterre, à Melun ou à Satory, par exemple : il ne faut pas y voir l'effet du hasard, mais celui du choix, répété à plusieurs reprises, de faire porter les mises en réserve sur l'immobilier, du fait que cette décision n'a pas de conséquences immédiatement visibles.

Pour le projet de budget 2018, j'ai la volonté de sanctuariser les achats de véhicules, en prévoyant l'achat de 3 000 véhicules dans l'année. Cet achat est en effet indispensable pour permettre le renouvellement à long terme d'un parc global de 31 000 véhicules, comprenant 3 000 véhicules ayant déjà atteint les deux seuils de réforme – ils ont plus de huit ans et ont effectué plus de 200 000 kilomètres. Pour ce qui est du parc dans sa totalité, il compte en moyenne entre 130 000 et 140 000 kilomètres. Ce parc est en cours de rajeunissement – une opération qui a tendance à s'accélérer, puisque nous allons acheter 3 000 véhicules pour la deuxième année consécutive, alors que nous n'en étions qu'à 1 000 unités il y a cinq ans. Nous avons aujourd'hui un stock de véhicules anciens relativement important mais en maintenant l'achat de 3 000 véhicules pendant plusieurs années consécutives, nous devrions réussir à rajeunir le parc automobile.

Pour ce qui est des hélicoptères, nous en possédons actuellement cinquante-cinq et nous en aurons prochainement un de plus, commandé afin de remplacer celui que nous avons perdu lors de l'accident survenu à Tarbes l'année dernière. Parmi ces cinquante-cinq appareils, on compte quinze EC145, quinze EC135, le reste étant composé d'Écureuil rétrofités. Cette flotte nous suffit pour exécuter nos missions, étant précisé que les EC145 et EC135 sont les appareils les plus modernes : pour cette raison, la sécurité civile est uniquement équipée d'appareils EC145, permettant de transporter jusqu'à sept personnels équipés et d'intervenir en haute montagne de manière très efficace.

La flotte d'hélicoptères est opérationnelle et affiche un taux de disponibilité supérieur à 90 %, ce qui est assez exceptionnel. Nous sommes soutenus par la structure intégrée du maintien en condition opérationnelle des matériels aéronautiques du ministère de la Défense (SIMMAD), qui nous permet d'entretenir nos hélicoptères.

J'en viens à l'immobilier, qui constitue un souci pour moi. Un plan d'urgence immobilier doté de 70 millions d'euros par an est en cours depuis trois ans, et verra son montant porté à 100 millions d'euros – plus cinq millions d'euros pour la sécurisation des bâtiments – dès l'année prochaine. Bon an mal an, je pouvais jusqu'à présent faire procéder à la réfection d'un nombre de logements compris entre 4 000 et 5 000, et le passage à 100 millions d'euros va me permettre de porter ce nombre à 5 900 dès l'année prochaine, en plus d'une quarantaine d'opérations plus lourdes de maintenance et d'entretien du parc immobilier.

Pour ce qui est des pelotons spécialisés de protection basés sur le site du Valduc, les Algeco qu'ils occupent ne sont que des locaux de service : les personnels sont actuellement logés ailleurs, près de Dijon, ce qui nécessite un trajet de trente à quarante minutes, mais nous avons le projet de faire construire une caserne à proximité du Valduc.

Je précise que le déploiement dans les sites de la DAM correspond à une demande, formulée pour répondre à la menace du haut du spectre. Cela n'exclut pas les forces locales de sécurité, qui continuent à effectuer une partie du travail, consistant à assurer la sécurité au quotidien. Ce qui est important, c'est de pouvoir disposer, comme sur les sites des centrales nucléaires d'EDF, d'une capacité d'intervention sur le haut du spectre, c'est-à-dire de type antiterroriste, correspondant aux attributions des pelotons spécialisés – dont le rôle n'est pas d'assurer la sécurité au quotidien. Pour répondre exactement à la question qui m'a été posée à ce sujet, je dois dire que nous ne sommes pas encore tout à fait en phase en termes de déploiement et de calendrier. Cela dit, nous y travaillons, étant précisé que nous n'avons pas vocation à remplacer la totalité des forces locales de sécurité dans l'ensemble de leurs missions : notre rôle consiste simplement à assurer une complémentarité à leur action sur le haut du spectre. Nous vous communiquerons le calendrier définitif dès qu'il aura été finalisé, à l'issue des discussions en cours.

Je remercie ceux d'entre vous qui m'ont fait part d'un retour d'expérience positif sur la fonction de contact. Ma priorité stratégique réside dans l'implémentation dans toutes les unités, toutes les brigades, de cette fonction, dont les brigades « contact » ne sont que l'un des modes : au sein des brigades les plus importantes, il sera possible de créer des groupes « contact ». En tout état de cause, je souhaite que la culture de la proximité et de l'humain revienne dans notre maison. Durant des années, nous nous sommes beaucoup trop concentrés sur l'intervention, négligeant un peu la dimension affective à laquelle nos concitoyens sont très attachés, et sur laquelle nous devons maintenant travailler. Pour cela, nous devons former nos personnels et surtout leur donner le temps de se consacrer à cette mission, ce qui passe par l'élimination de certaines tâches secondaires et par la simplification de certaines procédures pénales – nous avons identifié des pistes dans ce domaine, qui nous permettront de dégager du temps pour nos personnels.

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