Intervention de Hubert Wulfranc

Séance en hémicycle du jeudi 4 avril 2019 à 9h30
Pouvoir d'achat des français — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaHubert Wulfranc :

… sont les mêmes : moins d'impôts pour moins de dépenses publiques, moins de mises en commun et de projets collectifs, moins de solidarité et moins d'égalité !

Ces logiques de comptable, qui vous conduisent à jouer à qui sera le plus libéral, n'offrent aucune perspective politique à notre pays, sinon l'enrichissement d'une infime minorité, le décrochage des classes moyennes et la paupérisation de classes populaires déjà à l'os. Selon vous, l'État devrait être réduit à la portion congrue et la puissance publique cantonnée dans un petit pré carré, ce qui ne manquerait d'ailleurs pas de durement toucher les collectivités locales. En somme, il ne s'agirait plus que d'un État minimal, avec la société sans impôt dont rêve M. Darmanin, laissant le champ libre à la marchandisation de tous les services.

Cette politique, les Français n'en veulent pas ; ils l'ont déclaré partout, dans les débats, sur les ronds-points. Et pourtant, alors que ce qu'il est convenu d'appeler « le grand débat » touche à sa fin, tout porte à croire qu'il a été organisé non pour répondre aux attentes de nos concitoyens mais pour conforter ces funestes orientations. Les Français demandent-ils de la justice fiscale et sociale ? Vous leur répondez, pas plus tard que mardi dernier dans l'hémicycle, que vous allez continuer de suivre le sillon emprunté depuis mai 2017.

Concernant le barème de l'impôt sur le revenu que j'ai évoqué il y a un instant, la majorité a fini par laisser fuiter ce que pourraient être ses propositions. Alors, chers collègues, comment allez-vous vous y prendre ? Allez-vous réduire les taux des premières tranches ? Allez-vous instaurer des tranches intermédiaires ? Allez-vous renforcer le mécanisme de la décote, au risque de rendre l'impôt encore plus illisible, donc moins accepté ? Allez-vous rester silencieux à l'égard des hauts revenus et refuser d'instaurer la nouvelle tranche supérieure plébiscitée par les Français ? Enfin, confirmez-vous que cette baisse d'impôt sera financée par une diminution des services publics ?

Au regard de la politique conduite depuis 2017 et de la tournure prise par le grand débat, nos espérances en la matière sont très limitées – c'est un euphémisme. Néanmoins, tout ce qui peut être gratté doit l'être, et nous irons chercher les avancées pour le pouvoir d'achat avec les dents, s'il le faut, et en mettant les mains dans le cambouis. Aussi n'est-il pas question pour nous de fuir le débat, pas question de voter pour la motion de renvoi en commission.

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