Intervention de Aude Luquet

Séance en hémicycle du jeudi 4 avril 2019 à 15h00
Services départementaux d'incendie et de secours et profession de sapeur-pompier — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAude Luquet :

Ne vous inquiétez pas.

La famille des sapeurs-pompiers rassemble près de 250 000 femmes et hommes qui ont fait le choix louable de se mettre au service de l'autre : 80 % sont des volontaires qui se sont engagés à donner une partie de leur temps, en plus de celui qu'ils consacrent à leur travail, à leurs études ou encore à leur vie de famille. Ces femmes et ces hommes sont avant tout animés par une vocation altruiste, unis sous la même devise : « Courage et dévouement ». À ces femmes et à ces hommes, à qui nous devons beaucoup, j'aimerais encore une fois rendre hommage dans cette assemblée, qui ne sait que trop bien ce que représente l'investissement personnel au service de ses concitoyens.

Malgré la noblesse de cette profession, nous assistons aujourd'hui à une crise des vocations, à laquelle il nous faut répondre, ce qui passe par deux grands défis que nous devons relever. Le premier est celui des moyens permettant de garantir des conditions d'exercice optimales. Le second est d'assurer la pleine sécurité des sapeurs-pompiers dans l'exercice de leurs missions, face aux violences qui, honteusement, se multiplient.

En ce qui concerne les moyens, si le budget alloué à la sécurité civile a augmenté d'1,5 % dans le budget de 2019, il faudra sûrement aller plus loin pour soutenir les services d'incendie et de secours. En effet, les SDIS voient le nombre de leurs interventions d'assistance aux personnes progresser chaque année, notamment pour compenser des carences dans les territoires souffrant de la désertification médicale, ce qui les oblige à assurer des transports sanitaires toujours plus nombreux, qui sortent de leurs missions initiales.

Il faut savoir en effet que les missions des SDIS sont aujourd'hui tournées à 84 % vers les secours à victime et les aides à la personne, ce qui représente une augmentation de 40 % en dix ans.

Un tel constat nécessite non seulement de repenser l'organisation de la sécurité civile, en redéfinissant le contour des missions des SDIS en lien avec les différents partenaires, mais également de revoir le modèle de financement, de la part des collectivités locales ou de l'État. En effet, selon les territoires, il existe de nombreuses disparités susceptibles de créer des déséquilibres entre les SDIS en fonction de la collectivité dont ils dépendent. Il convient de procéder à une véritable remise à plat.

Afin d'apporter une première série de réponses, le Gouvernement a pris des mesures concrètes améliorant le secours d'urgence aux personnes. Seront, par exemple, instaurés des organes de concertation obligatoires entre ARS – agences régionales de santé – , SDIS et SAMU, pour faire baisser le nombre de sollicitations indues dans les services.

Les conditions d'intervention des sapeurs-pompiers, notamment en cas de carence ambulancière, seront également revues pour ne plus mobiliser que deux sapeurs-pompiers, au lieu de trois aujourd'hui, en cas de mission de simple assistance, et pour réduire le temps d'attente dans les services d'accueil des urgences. Nous accueillons avec intérêt ces premières mesures qui vont dans le bon sens.

Outre la question des financements, il y a celle de la sécurité. Il est insupportable d'assister à la multiplication des actes violents à l'encontre des sapeurs-pompiers : le soutien des pouvoirs publics doit être une nouvelle fois réaffirmé et la réponse de la justice exemplaire. Il faut rappeler qu'aujourd'hui nos sapeurs-pompiers sont davantage protégés qu'un simple citoyen, grâce à l'ajout d'une circonstance aggravante en cas d'infraction à leur encontre dans l'exercice de leurs fonctions.

Même si ce dispositif n'est qu'un outil supplémentaire et ne peut à lui seul faire cesser les violences, nous nous félicitons du déploiement des caméras mobiles individuelles pour prévenir les agressions. Il nous faudra apporter des réponses complémentaires pour enrayer cette violence qui ne cesse de progresser.

Si la proposition de loi que nous examinons aujourd'hui a pour objectif de soutenir le fonctionnement des services départementaux d'incendie et de secours et de valoriser la profession des sapeurs-pompiers professionnels et volontaires, pour répondre, notamment, à la difficulté de recruter des sapeurs-pompiers volontaires, elle ne nous paraît pas, toutefois, au niveau des attentes.

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