Intervention de Christian Jacob

Séance en hémicycle du mardi 9 avril 2019 à 15h00
Déclaration du gouvernement relative au grand débat national

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaChristian Jacob :

Des Français avaient voulu y croire, pour la France, pour eux-mêmes aussi, avec l'espoir que la promesse allait advenir. Je ne dois pas vous cacher que nous, nous ne sommes pas déçus parce que nous n'y avons jamais cru ; parce que le « en même temps » résonne comme une forme d'embrouillamini, un attrape-tout et en définitive un véritable immobilisme. Il fallait de la constance, des convictions et une colonne vertébrale pour résister à l'unanimisme auquel les commentateurs nous incitaient dans les premiers temps. Macron allait non pas réformer mais transformer la France et pas seulement la France : c'est l'Europe elle-même qu'il allait rebâtir à grand renfort de discours notamment celui de la Sorbonne. Il nous le promettait.

Avec le recul il est permis d'en sourire et nous aurions dû être avertis par l'accueil extrêmement froid que ses propositions ont reçu partout en Europe mais à ce moment il fallait raser les murs, s'incliner devant les promesses du nouveau prince de l'Europe. Aujourd'hui on a compris qu'il ne sauverait pas l'Europe, ni même la France. La question au moment où l'on parle est de savoir s'il parviendra à se sauver lui-même.

Celui qui aspirait à transformer le pays a réussi l'impensable : plonger celui-ci dans un état pré-insurrectionnel. Voilà la réalité : dix-huit mois après son élection, M. Macron a perdu la confiance et, plus grave, le respect des Français. C'est un des enseignements de la crise qui a éclaté en novembre dernier.

On ne s'est pas suffisamment arrêté sur le projet macroniste de transformation. On a sous-estimé la charge symbolique extrêmement violente de cette idée de transformation car dans transformer, il y a l'idée de modifier la forme, de chambouler, de déformer. Nos concitoyens – c'est aussi ce que la crise des gilets jaunes nous enseigne – n'aspirent pas à tout déformer pour le plaisir de déformer. Ils y aspirent d'autant moins qu'ils ne comprennent pas le sens de cette transformation et qu'ils ne voient pas où le Président de la République veut les amener avec ce projet de société.

Ajoutez-y ses excès verbaux ! Il a rarement su trouver les mots pour montrer aux Français qu'il les respecte.

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