Intervention de Jean-Christophe Lagarde

Séance en hémicycle du mardi 9 avril 2019 à 15h00
Déclaration du gouvernement relative au grand débat national

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Christophe Lagarde :

Lorsque les historiens se pencheront sur les six mois que nous venons de vivre, qu'en retiendront-ils ? Le point culminant d'une crise économique, sociale, environnementale et démocratique qui couvait depuis longtemps ? Une période d'extrême tension, où deux modes d'expression dominent, la violence contre la parole organisée ? Un exercice inédit de communication politique, fait d'échanges directs, faute d'intermédiaires considérés ? Sans doute un peu des trois. Ils penseront aussi aux constantes de l'histoire de notre pays à travers les siècles : les problèmes budgétaires et surtout fiscaux sont des catalyseurs des révoltes ; et, confrontés à ces problèmes, les chefs d'État ne font appel au peuple que lorsqu'ils n'ont plus le choix.

Lorsque le Président de la République a lancé ce grand débat national, au mois de décembre dernier, notre groupe a immédiatement considéré qu'il fallait y participer. Il était pour nous impensable de ne pas répondre à un exécutif qui avait enfin décidé d'essayer d'écouter. Nous ne l'avons pas abordé comme le procès des deux premières années du quinquennat d'Emmanuel Macron – ce que certains ont fait ici – et pas non plus comme un moment de service après-vente de l'action du Gouvernement – exercice auquel d'autres se sont livrés – mais plutôt comme l'occasion d'une remise en question collective dont les enjeux dépassent tout cadre électoral, tout cadre politicien.

Qu'avons-nous appris de ce débat ? C'est la question qui s'impose légitimement aujourd'hui. Eh bien, en réalité, rien que nous ne savions pas déjà. Ce débat a souvent permis d'exprimer un sentiment d'exaspération profonde ; il a permis aux Français de dire leur ras-le-bol fiscal, de dire leur colère face à l'inaccessibilité et la surdité des administrations, de dire enfin leur sentiment d'être peu écoutés et mal représentés. La durée du débat, le bruit médiatique qui l'a entouré, l'engagement des élus locaux ont permis que la participation soit élevée, et c'est une bonne chose.

Les députés du groupe UDI, Agir et indépendants ont pris leur part de ce travail, écoutant et relayant les préoccupations quotidiennes des habitants de nos circonscriptions ; je parle d'accès au logement, de fins de mois difficiles, voire impossibles, de fermetures de services publics, de relations difficiles avec une administration toujours là pour empêcher, jamais pour conseiller.

Ces demandes des uns sont souvent les mêmes que celles du voisin, sauf sur un point : chaque Français considère que le meilleur impôt est celui payé par son voisin.

Ce débat a fait naître d'immenses attentes. Et l'on a bien senti, en s'approchant d'une fin sans cesse retardée, que l'impatience commençait à grandir. Procrastiner est donc dangereux. Apporter des réponses est désormais une urgente nécessité.

Là encore, nous avons rempli notre rôle. La semaine dernière, dans cet hémicycle, notre groupe est arrivé avec sa propre contribution, dont je veux ici rappeler dans les grandes lignes.

Premièrement, la transition écologique est désormais un impératif reconnu par tous. Mais, comme l'ont rappelé Antoine Herth et Sophie Auconie, n'oublions pas le sens du mot « transition ». Pour être acceptable, la fiscalité environnementale doit être progressive et prévisible, socialement juste, et transparente. Elle doit reposer sur le principe absolu d'un bonus-malus, ainsi que sur l'application du principe pollueur-payeur à tous, y compris aux industries et activités les plus polluantes.

Nous demandons l'affectation totale des recettes supplémentaires de cette fiscalité à un budget spécifique de la transition énergétique, et non au budget général de l'État, qui ne doit pas gagner un centime au passage. Car c'est là le véritable déclencheur de la crise que nous vivons : l'augmentation de taxes qui n'avaient rien d'environnementales mais venaient compenser la perte de recettes découlant de la suppression de la taxe d'habitation. Pour éviter tout caractère punitif, une taxation écologique doit être intégralement redirigée vers le développement d'alternatives abordables et propres ; il faut financer réellement – et pas seulement symboliquement – le changement d'une chaudière au fioul, d'une voiture polluante ou encore des techniques de production agricole.

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