Intervention de André Chassaigne

Séance en hémicycle du mardi 9 avril 2019 à 15h00
Déclaration du gouvernement relative au grand débat national

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAndré Chassaigne :

Il en ressort finalement un grand exercice de communication politique et de propagande gouvernementale orchestré par le Président de la République, au terme duquel ledit grand débat se métamorphose non seulement en faux débat mais aussi en débat tronqué.

Pour reprendre les propos de Chantal Jouanno, présidente de la Commission nationale du débat public, le principe d'un débat public, ce n'est pas de poser des questions aux Français : c'est les Français qui posent des questions, c'est eux qui s'expriment, c'est eux qui disent ce qui leur tient à coeur. La preuve en est que les garants du débat national, qui avaient été désignés par le Gouvernement, ont fustigé les trop nombreuses interférences d'Emmanuel Macron et de son gouvernement.

L'incapacité manifeste du Gouvernement à nouer le dialogue est liée à l'absence de toute volonté politique de s'engager sur la voie du progrès social. Comment, en effet, nouer un vrai dialogue sans contester l'échelle des valeurs inhérentes à l'ordre marchand, le chiffre roi, la part de marché, le rendement, le rentable, le « tout entreprise » et, disons-le, le mépris de l'humain ?

Cette incapacité à nouer un véritable dialogue, le Président de la République l'a incarnée à lui seul. Il n'a pas hésité à se mettre en scène, en s'imposant dans des interventions qui ont révélé un plaisir irrépressible devant sa propre personne et ses propres paroles. Le résultat est là : le grand débat national, qui était officiellement destiné à écouter les Français, s'est métamorphosé en logorrhée présidentielle occultant la prosaïque réalité.

Bref, au lieu d'être un grand moment démocratique, cette séquence s'est résumée au lancement de la campagne des élections européennes par un exécutif qui a pu s'appuyer sur l'ensemble des moyens de l'État et sur le soutien indéfectible des médias. S'écouter parler, plutôt qu'écouter les Français, tel a été le credo. Comment s'étonner dès lors que la colère n'ait pas été entendue et que l'Élysée enjoigne au Gouvernement de ne pas changer de cap ?

Pour la majorité au pouvoir, les règles du marché et de la guerre économique et sociale avaient déjà triomphé avant même les conclusions du faux débat. Pour vous, c'est un fait, c'est du bronze, la mondialisation comme la métropolitisation ont leurs gagnants et leurs perdants, toujours les mêmes. Et votre nouveau monde, méprisant, demande au peuple de s'y résoudre.

Aucune réponse gouvernementale digne de ce nom ne se dessine. La déconnexion avec les revendications de notre peuple est totale. Le peuple dit justice fiscale, vous entendez baisse des impôts.

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