Intervention de Gilles Salmon

Réunion du jeudi 11 avril 2019 à 9h10
Mission d'information sur l'aide sociale à l'enfance

Gilles Salmon :

Tout d'abord, je tenais à remercier l'Assemblée nationale de m'avoir proposé de participer à cette audition d'anciens enfants placés dans le cadre de la mission d'information de l'ASE.

Je m'appelle Salmon Gilles, j'ai vingt-six ans, je suis l'aîné d'une fratrie de six enfants. J'ai trois frères et deux soeurs. J'ai été confié à l'aide sociale à l'enfance en 2000, à l'âge de huit ans et placé au Comité mosellan de sauvegarde de l'enfance de l'adolescence et de l'adulte, le CMSEA, dans le pôle « protection de l'enfance » au sein du service de placement familial spécialisé, le SPFS.

Mon parcours au sein de l'ASE est le suivant : à la fin de l'été 2000, j'ai été placé dans une première famille d'accueil à Cocheren, en Moselle, pendant environ deux ans. En avril 2002, j'ai été placé dans une seconde famille d'accueil à Hottviller, en Moselle, rejoignant ainsi mon frère et ma soeur cadets. En 2008, après six années passées dans cette famille d'accueil, j'ai, à ma demande, tenté un retour en famille chez ma mère, tout en étant suivi par le SPFS.

En 2009, suite à un signalement auprès de mon éducateur qui me suivait toujours, le SPFS a mis en place un placement dans une nouvelle famille d'accueil, donc un troisième placement, à Nousseviller-Saint-Nabor.

En 2010, toujours à ma demande, j'ai tenté un nouveau retour en famille, qui n'a pas duré, chez ma grand-mère. Au bout de deux ou trois semaines, j'ai été renvoyé dans une quatrième famille d'accueil. « Renvoyer » n'est pas le bon terme, j'ai été placé une nouvelle fois dans une famille d'accueil, celle où j'avais été placé par le passé avec mon frère et ma soeur.

En août 2010, j'ai signé mon premier contrat Jeune majeur et s'en est suivi, en 2011, une intégration dans le foyer de jeunes travailleurs Pilâtre-de-Rozier, situé à Metz. En août 2012, le contrat jeune majeur a été rompu à ma demande et j'ai quitté le foyer de jeunes travailleurs. J'explique les choses de manière très brève. Si vous avez des questions, je pourrai y répondre.

J'aimerais maintenant détailler un peu mon parcours scolaire et mon parcours professionnel.

Je suis titulaire d'un bac STG mercatique. J'ai fait plusieurs tentatives d'études. Toutes se sont avérées infructueuses. En 2014, j'ai choisi d'entrer dans le monde du travail par le biais d'un contrat de professionnalisation au sein de l'enseigne Cora. Pendant l'année scolaire 2015-2016 j'ai exercé la fonction d'assistant d'éducation au collège Folrad à Sarreguemines, en Moselle. De septembre 2016 à janvier 2018, j'ai travaillé dans un cinéma en tant qu'employé polyvalent à Sarreguemines.

Depuis février 2018, petite note positive, on peut se dire que la boucle est bouclée, car après avoir grandi dans le pôle protection de l'enfance au sein du CMSEA et du SPFS, je travaille maintenant au pôle inclusion sociale du CMSEA, au centre d'hébergement d'urgence pour demandeurs d'asile à Phalsbourg en tant qu'assistant d'éducation et d'animation.

On m'a demandé d'exprimer mon ressenti et quelques appréciations sur le dispositif de l'aide sociale à l'enfance. Il ne s'agit que de quelques ressentis ou de quelques appréciations et je suis ouvert toute question.

Pour mon épanouissement en tant qu'enfant et adolescent par le biais du CMSEA et du SPFS, l'ASE m'a été d'un grand secours. Maëlle a dit que l'ASE lui a sauvé la vie. Je ne sais pas si je peux en dire autant, mais je pense qu'elle a été d'un grand secours pour ma vie et pour celles de mes frères et soeurs.

En effet, les conditions de vie de mon cadre familial n'étaient pas forcément propices à une évolution positive vers la vie active, une fois l'âge adulte arrivé. Toutefois, à titre d'exemple, la décision de m'avoir séparé de ma fratrie lors de mon placement a provoqué de nombreuses turbulences dans mon évolution.

Je suis l'aîné et, pendant mon placement, ma maman a eu d'autres enfants. Suite aux divers placements du reste de ma fratrie, la réunification de la famille n'a jamais pu ou voulu être mise en place pour mes trois frères, mes deux soeurs et moi-même.

J'aimerais conclure cette intervention en remerciant les professionnels qui m'ont accompagné au quotidien, tels que les familles d'accueil, les éducateurs, les psychologues, etc. Certains ont et auront toujours une place importante dans ma vie, car ils ont été et sont toujours des piliers de mon chemin de vie. Je pense en particulier à David Boyon, mon ancien éducateur et aujourd'hui chef du service d'éducation spéciale et de soins à domicile, un service éducatif renforcé d'accompagnement à domicile, et à une famille en particulier, la famille Odile et Michel Müller, que j'appelais « tata et tonton » et que j'appelle toujours ainsi aujourd'hui.

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