Intervention de Agnès Pannier-Runacher

Séance en hémicycle du lundi 29 avril 2019 à 16h00
Débat sur la politique industrielle du gouvernement : ni défensive ni offensive

Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d'état auprès du ministre de l'économie et des finances :

Notre stratégie d'innovation, disais-je, est offensive, mais innover sans se défendre n'a pas lieu d'être. Vous êtes plusieurs à l'avoir souligné : il faut protéger nos technologies. C'est pourquoi nous avons fait évoluer le dispositif de contrôle des investissements étrangers en France, avec votre appui, dans le cadre du projet de loi PACTE. Les sanctions ont été renforcées et les secteurs stratégiques sont mieux protégés. La formulation adoptée permet d'avoir une approche plus large de la question. En outre, à notre instigation, l'Union européenne a adopté une directive en vue de mieux contrôler les investissements étrangers en Europe. Nous sommes désormais mieux armés pour protéger nos entreprises technologiques. Là encore, il s'agit d'un enjeu majeur.

Le troisième défi, ce sont les compétences. On peut multiplier les grands discours volontaristes, le grand frein au développement industriel aujourd'hui, c'est la difficulté que les entreprises ont à recruter : 50 000 emplois industriels, immédiatement disponibles, ne trouvent pas de candidats. Si les compétences existaient, on pourrait recruter jusqu'à 100 000, voire 200 000 personnes en sus des 250 000 qui vont compenser les départs à la retraite dans les années qui viennent.

Ce besoin en compétences se ressent à tous les niveaux : ingénieurs, post-doctorants, mais aussi chaudronniers, soudeurs, opérateurs qualifiés, techniciens spécialisés, électrotechniciens, spécialistes de la maintenance. Il faut que nos usines aient accès à ces compétences aussi vite que possible. Il faut en outre anticiper l'évolution des compétences afin de les adapter à la transition écologique et énergétique. J'ai déjà parlé du diesel : cela soulève aussi des questions en matière de transformation des compétences.

C'est pourquoi, dès les premières semaines du quinquennat, Muriel Pénicaud a engagé une réforme de la formation professionnelle qui vise à confier aux entreprises et aux branches le soin de définir leurs besoins en compétences, et de mettre ensuite en place les formations dont elles ont besoin. Nous consacrerons au total 15 milliards d'euros au plan d'investissement dans les compétences, qui sont décisives pour notre économie. C'est un effort qu'aucun autre gouvernement n'avait fait.

Les compétences se développant sur le long terme, il fallait s'y attaquer dès le départ. C'est ce que nous avons fait. Nous continuerons dans cette voie dans les mois à venir. Cette dimension est d'ailleurs présente dans tous les projets Territoires d'industrie.

Relever le défi des compétences suppose d'attirer les jeunes vers l'industrie. Il n'y aura pas de reconquête industrielle économique sans une reconquête culturelle de l'industrie. Je veux m'adresser ici tout particulièrement aux jeunes gens qui se trouvent dans les tribunes. L'industrie a en effet gardé une image du passé, avec des usines qui crachent de la fumée, des conditions de travail pénibles et des métiers peu valorisés et peu rémunérés, alors qu'elle recouvre des métiers d'avenir, qui paient plus que les métiers de service, et des secteurs prêts à embaucher. Pour changer l'image de l'industrie, nous avons voulu faire de 2019 la grande année de l'industrie. Toute l'année, nous parlerons d'industrie dans toutes les villes de France, notamment dans les agglomérations de taille moyenne. Tel est le sens de la semaine de l'industrie, qui a accueilli 800 000 visiteurs cette année, contre 350 000 l'année dernière, et qui a donné à M. Jumel l'occasion de présenter, dans la cour de Matignon, le nouveau modèle de l'Alpine à de nombreux lycéens et collégiens.

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