Intervention de Éric Coquerel

Séance en hémicycle du mardi 30 avril 2019 à 15h00
Déclaration du gouvernement sur le projet de programme de stabilité pour les années 2019-2022

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉric Coquerel :

Nous proposerions une politique totalement contraire à celle menée par le gouvernement actuel, qui cumule les défauts du productivisme et de l'austérité. Il faut une rupture, d'abord parce que le climat n'attend pas – tout le monde en convient, mais nous n'en tirons pas les mêmes conclusions. Nous préconisons une relance de l'activité par le partage des richesses et la planification écologique, ce qui est résumé par le slogan entendu lors de nombreuses manifestations, et que nous faisons nôtre : « Fin du monde, fin du mois : mêmes responsables, même combat. »

À la règle d'or de Bruxelles, nous voulons substituer la règle verte : on ne prend pas plus à la planète que ce qu'elle est capable de reconstituer. Je ne suis pas tout à fait d'accord avec vous, monsieur Carrez : vous dites que la dette souveraine est l'alpha et l'oméga de nos problèmes. Pour ma part, je considère que c'est la dette écologique, car quand nous ne pourrons plus vivre sur cette planète, il ne servira plus à rien de nous interroger sur la pertinence de la limite de 3 % imposée au déficit. Ces problèmes seront bien loin de nous ! Nous proposons donc un plan d'investissement public de 100 milliards dans la transition écologique sur cinq ans, non pas en Europe, comme le proposent certains candidats issus de la mouvance écologiste, mais en France.

Il faut également en finir avec la pauvreté résultant des politiques inégalitaires subies malheureusement depuis plusieurs décennies, et aggravées par M. Macron. Nous avons proposé des conditions de vie dignes pour les retraités et l'autonomie pour la jeunesse, ce qui implique un surplus de moyens publics. Nous avons également proposé dans notre contre-budget une hausse moyenne de 0,8 point de PIB par an, et la création de 200 000 postes de fonctionnaires partout où il en manque. Nous ne nous interrogeons donc pas sur le nombre de postes de fonctionnaires à supprimer – supérieur ou inférieur à 180 000 : nous assumons d'en créer 200 000 de plus, au service du public.

Sur le plan des salaires, il faut mettre fin à la trappe déflationniste et augmenter les salaires. C'est pourquoi nous proposons une augmentation du SMIC de 15 %, qui nous sortira de la spirale déflationniste et engagera un cercle vertueux pour l'activité économique. Nous mettrons également en place l'échelle des salaires de 1 à 20 dans les entreprises, pour que personne ne puisse gagner plus de vingt fois le salaire le plus faible, ce qui sera bon pour tout le monde. C'est par ce redémarrage de l'activité que nous comptons rétablir les comptes publics et finalement, bien que ce ne soit pas notre priorité, ramener le déficit en dessous des 3 % au bout de cinq ans.

La politique fiscale doit répondre véritablement aux problèmes auxquels nous sommes confrontés, et auxquels le Gouvernement refuse de répondre, car il associe baisse des impôts et baisse de la dépense publique. Il faut modifier le rapport entre le capital et le travail. Cela fait trente ans que la richesse nationale ne cesse d'augmenter en France et en Europe, au profit des capitaux non investis et au détriment du travail. Il faut y mettre un terme, si l'on veut mener une politique plus intelligente.

La solution est clairement de sortir des traités européens, qui sont aujourd'hui un carcan austéritaire, afin de mettre un terme à l'interdiction de l'harmonisation fiscale et sociale et aux accords de libre-échange comme seule valeur cardinale. Il faut non pas un nouveau contrat de croissance pour les pays de la zone euro, mais un nouveau traité de progrès, de coopération et de transition écologique entre les peuples, ce que défend la liste conduite par Manon Aubry.

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