Intervention de Ludovic Pajot

Séance en hémicycle du mardi 30 avril 2019 à 15h00
Déclaration du gouvernement sur le projet de programme de stabilité pour les années 2019-2022

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaLudovic Pajot :

Là aussi, vous nous répondrez que, là où Nicolas Sarkozy avait dû affronter la crise économique et financière de 2008, Emmanuel Macron a dû et doit toujours affronter la crise des gilets jaunes, qui n'est en réalité que le légitime mouvement d'exaspération de Français qui souffrent en silence depuis bien trop longtemps.

Concrètement, les annonces de la semaine dernière, dans le cadre de la conférence présidentielle, relatives à la baisse de l'impôt sur le revenu, se traduiront mécaniquement par une perte fiscale de près de 5 milliards d'euros supplémentaires. Nous avons toujours défendu les baisses d'impôts, mais celle-ci n'aura aucun effet sur les nombreux Français, y compris dans ma circonscription du Pas-de-Calais, qui ne sont pas assujettis à l'impôt sur le revenu : pour eux, il n'y a aucune réponse du Président de la République. En revanche, la suppression d'une partie de l'ISF – impôt de solidarité sur la fortune – et la création de l'IFI – impôt sur la fortune immobilière – au bénéfice des contribuables les plus fortunés grève les comptes publics de quelque 3 milliards d'euros supplémentaires.

Dans ce contexte, il est fort probable que le ratio de la dette sur le PIB soit encore, en 2022, de près de 100 %, malgré les gesticulations gouvernementales et les opérations de communication, dépassant ainsi largement 2 500 milliards d'euros, avec pour conséquence la hausse, dans les années qui viennent, des taux d'intérêt.

Le mouvement des gilets jaunes a mis en lumière l'opposition de nombreux Français face à l'asphyxie fiscale à laquelle ils sont confrontés. Se pose alors inévitablement la question du consentement à l'impôt, qui est à la base de la cohésion nationale. Plus qu'un consentement à l'impôt, c'est peut-être davantage le consentement à la dépense qui doit nous interroger. Nos compatriotes ne remettent pas en cause le principe du paiement de l'impôt : ils réclament seulement une meilleure utilisation de l'argent public et une meilleure justice dans la répartition de la charge fiscale.

Oui, nous nous devons de relever tout à la fois le défi de la réduction de notre déficit et celui de l'augmentation de notre compétitivité. À cet effet, il nous faut mettre en oeuvre dans les plus brefs délais plusieurs sources d'économie. Il convient de diminuer drastiquement la contribution de la France au budget de l'Union européenne, qui nous a coûté, sur vingt ans, près de 100 milliards d'euros, pour injecter l'argent directement dans notre circuit économique, plus spécifiquement au profit de notre agriculture, qui traverse une grave crise. Il nous faut également réorganiser nos échelons administratifs – en rationalisant les effectifs de la fonction publique territoriale, tout en sanctuarisant les domaines régaliens – , nous attaquer véritablement à la fraude fiscale et sociale et, bien évidemment, réduire de façon draconienne le coût de l'immigration – à titre d'exemple, l'aide médicale d'État représente, à elle seule, un coût de près de 1 milliard d'euros dans le budget de l'État, et ce montant ne cesse d'augmenter d'année en année.

Ces propositions ne sont pas exhaustives, mais elles constituent de premières pistes d'économies qui pourraient être directement fléchées vers le pouvoir d'achat des Français. En somme, tout l'inverse de ce que vous proposez.

Pour toutes ces raisons, nous voterons contre ce programme de stabilité, qui ne fait qu'entériner l'instabilité constante du Gouvernement.

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