Intervention de Didier Guillaume

Réunion du jeudi 8 novembre 2018 à 10h15
Mission d'information commune sur le suivi de la stratégie de sortie du glyphosate

Didier Guillaume, ministre de l'agriculture et de l'alimentation :

S'agissant de la réévaluation des autorisations de mise sur le marché, je complèterai en indiquant qu'un arrêté ministériel va être pris rapidement pour interdire les usages de pré-récolte. Cela me semble très important.

Je précise, en réponse à M. Orphelin, que le suivi trimestriel n'est pas pertinent car l'utilisation du glyphosate est saisonnière. Pour la plupart, les usagers sont néanmoins des interlocuteurs du ministère. Nous mettrons donc à disposition des indicateurs de suivi du plan.

Le rapport de l'INRA a permis d'identifier des impasses, notamment pour les vignes en forte pente et l'agriculture de conservation, mais M. Jean-Baptiste Moreau est bien plus compétent que moi sur ce sujet.

Monsieur Lurton, la Commission européenne a en effet autorisé pour cinq ans l'utilisation du glyphosate et pourrait décider de prolonger à nouveau l'autorisation, mais la France a choisi d'être leader en matière de stratégie de sortie du glyphosate. Quand l'utilisation du glyphosate sera interdite en France, peut-être restera-t-elle autorisée au niveau européen, mais c'est ainsi. Sur un tel sujet, je crois que notre société tout entière doit se mobiliser. Les citoyens et les consommateurs doivent faire la démonstration qu'ils refusent les produits traités au glyphosate. Si dans trois ou cinq ans, ils ont le choix, sur les étals, entre des produits avec ou sans glyphosate, je suis certain qu'ils choisiront les produits sans. Le succès de l'application Yuka permet de nous en convaincre. Aujourd'hui, on peut tout savoir des produits. Fort heureusement toutes les informations n'apparaissent pas sur leurs étiquettes, car elles deviendraient de véritables romans. Nous en avons débattu lors de l'examen de la loi EGALIM : il faut simplifier l'information donnée au consommateur. En tout état de cause, je suis persuadé que c'est le citoyen acheteur qui fera la différence.

Quant à la concertation, je discute avec tout le monde, dans la transparence. Je suis contre l'obscurantisme quel qu'il soit, contre les idées toutes faites. Les scientifiques mènent des recherches et les responsables politiques décident. Je parle régulièrement avec les organisations professionnelles agricoles, les transformateurs, les industriels, avec l'ensemble des acteurs de la filière, ce qui ne signifie pas, évidemment, que ce sont eux qui vont décider. La décision revient au politique. Elle n'appartient ni aux administrations, ni aux partenaires, ni aux lobbies. Toutefois, c'est par la concertation que la décision se construit. Vous avez eu raison de le dire, la sortie du glyphosate ne peut se faire qu'en concertation avec les professions, et pas contre elles. Contre elles, cela ne marchera pas ; avec elles, si ! Elles y ont tout intérêt, et nous aussi.

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