Intervention de édouard Oberthur

Réunion du jeudi 28 mars 2019 à 10h00
Mission d'information relative aux freins à la transition énergétique

édouard Oberthur, responsable des contrats long terme en gaz naturel et électricité chez ArcelorMittal :

Concernant la question relative au CO2, nous sommes soumis aux quotas. Très clairement, les conséquences sont importantes par rapport à nos concurrents qui n'y sont pas soumis. En Europe, nous constatons une certaine homogénéité. Le facteur prix, pour le gaz naturel et l'électricité et pour l'accès aux utilités telles que l'oxygène, devient pour nous particulièrement critique. Il est donc crucial de maintenir une compétitivité pour les prix de l'électricité et du gaz naturel grâce à l'effet taxe, tout comme pour le transport. Ainsi nous pouvons rester compétitifs, notamment par rapport aux Allemands.

In fine, la compétition devient internationale. Nous pourrions importer des boîtiers Slabes, de la matière produite en Chine, en Inde ou aux États-Unis, sur d'autres structures de coûts, hors CO2, et les terminer en Europe. Ainsi, nous pourrions maintenir une partie de notre tissu industriel en Europe et le lien avec les producteurs de produits finaux, comme l'automobile, etc. Cependant, toute la partie amont de la production de l'acier disparaîtrait. Nos émissions de CO2 chuteraient clairement, mais l'acier continuerait à être produit ailleurs, sur une base CO2 qui n'est pas la nôtre. Voilà le coeur du problème.

Deux mécanismes clefs sont concernés : le CO2 indirect et le CO2 aux frontières. Le CO2 indirect neutralise le coût du CO2 dans le coût de l'électricité. Jusqu'à présent, la France l'a intégré. L'évolution du prix du CO2 fait qu'aujourd'hui nous courons potentiellement le risque, dans les années à venir, de ne pas toucher pleinement cette compensation. Il va falloir que l'État nous dise ce qu'il en est. Le CO2 coûte aujourd'hui plus de 20 euros la tonne, contre 5 ou 7 euros auparavant. Ces coûts vont-ils rentrer dans le budget de l'État ? Notre direction générale pense qu'il faut – nous en revenons à la discussion préliminaire sur l'empreinte européenne – installer des barrières au CO2 aux frontières, de telle manière que nous intégrions, sur le marché européen, le coût du CO2 dans les produits qui ne sont pas soumis à cette réglementation. Voilà le moyen de nous inciter à produire en Europe, avec des processus de production compétitifs, et sans avantager nos concurrents extra-européens. Nous n'avons qu'une seule terre. Sans ces mécanismes, au niveau mondial, nous produirons beaucoup plus de CO2.

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