Intervention de Marc Boudier

Réunion du jeudi 4 avril 2019 à 9h15
Mission d'information relative aux freins à la transition énergétique

Marc Boudier, président de l'Association française indépendante de l'électricité et du gaz (AFIEG) :

Beaucoup de choses ont déjà été dites.

L'hydroélectricité, qui est une énergie importante, est particulièrement développée en France puisqu'elle représente de 12 % à 15 % de la production d'électricité – c'est la première source de production après le nucléaire – même si dans d'autres pays la production hydroélectrique est bien plus importante. C'est le cas en Suède où elle atteint 45 %, et le pourcentage est encore plus élevé en Autriche et en Suisse.

L'hydroélectricité présente une série d'avantages en termes de modulation, de capacité de répondre à la pointe et, comme l'a dit M. Giraud, il est possible d'améliorer encore ses performances. C'est un secteur qui a la capacité de croître grâce aux installations existantes, notamment les grands barrages, et il existe aussi certainement des possibilités sur la petite hydroélectricité.

Le respect des considérations environnementales pourrait être considéré comme un frein, alors qu'il est tout à fait normal de le prendre en compte. Ce n'est pas en augmentant le nombre d'ouvrages que l'on parviendra à développer l'hydroélectricité et, pourquoi pas, à atteindre en France de 15 % à 17 %, comme le disait M. Giraud, mais en améliorant l'existant grâce à des investissements importants.

L'un des freins principaux à la réalisation d'investissements dans cette filière, c'est l'absence de décision en ce qui concerne le renouvellement des concessions hydroélectriques. Ce sujet empoisonne la filière depuis des années, il empoisonne évidemment ceux qui, comme les membres de l'AFIEG, aspirent à pouvoir participer à ces investissements, ces installations. Ce climat d'incertitude, ce manque de visibilité empoisonnent aussi l'acteur historique. Il faut sortir de ces débats et clarifier une situation qui correspond à l'application du droit français. En effet, alors qu'on a défini la politique à suivre à partir de 2006, quasiment rien ne s'est passé depuis dans ce domaine. Nous sommes dans une situation où des concessions, alors qu'elles sont échues depuis longtemps, ne sont pas renouvelées. Aussi est-il nécessaire, je le répète, de clarifier la situation.

Je ne reviendrai pas sur tous les éléments de ce dossier, sur ce que l'on peut considérer comme de faux débats sur la privatisation, sur le fait que des acteurs étrangers seraient intéressés alors qu'un groupe français comme Total aspire à participer. Un des freins potentiels est aussi le coût de cette amélioration. Peut-on considérer qu'un seul acteur, quels que soient ses mérites, doit porter les investissements massifs nécessaires si l'on veut vraiment améliorer la situation ? Il est important, au contraire, de pouvoir diversifier les sources de financement. L'ordre de grandeur des investissements à opérer peut être fixé à 10 milliards d'euros, avec un coût estimé entre 1 et 2 millions par MW installé sur de l'existant – rehaussement des barrages, suréquipement, changement de turbines, connexion de lacs existants, bassin de démodulation, contrôle commande, modernisation des conduites forcées –, de 2 à 4 millions par MW installé pour des nouveaux seuils en petite hydroélectricité, et de 2 à 4 millions par MW en cas de STEP. D'ailleurs, certains projets sont à réaliser, d'autres ne sont peut-être pas forcément rentables aujourd'hui.

J'ajoute que le renouvellement des concessions est aussi l'occasion de remettre à plat toute une série de considérations d'ordre environnemental et de sécurité. Certains cahiers des charges datent de dizaines d'années. Il est vraiment important et utile de profiter de cette occasion pour relancer la filière hydroélectrique. Ce serait utile, non seulement pour les grands acteurs de l'électricité, mais aussi pour toute une série d'entreprises qui attendent qu'il se passe des choses importantes dans cette filière qui représente un potentiel important de création d'emplois. Il convient donc d'avancer aujourd'hui dans ce domaine.

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