Intervention de Valérie Boyer

Séance en hémicycle du vendredi 10 mai 2019 à 9h30
Restauration de notre-dame de paris — Article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaValérie Boyer :

Nous étions tous paralysés devant nos écrans face à cet incendie ravageur qui menaçait de décimer l'un des joyaux du patrimoine français.

C'est notre intimité culturelle qui s'est envolée ce soir-là. Cet accident a réveillé et révélé le lien que nous entretenons avec notre civilisation et notre histoire, l'attachement charnel que nous leur portons.

Cette cathédrale est également un emblème de la chrétienté française et européenne en ce qu'elle abrite le culte catholique depuis plus de huit cents ans. Ce n'est pas un musée.

La cathédrale nous a précédés et nous survivra, elle a résisté aux aléas des siècles. Il me semble donc important de respecter à la fois sa silhouette originelle et sa destinée.

Ce drame a suscité une véritable communion nationale et même internationale. Il a donné lieu à une grande souscription nationale. Ce sursaut de générosité a permis de recueillir, paraît-il, plus de 1 milliard d'euros en quelques jours afin de restaurer la cathédrale partiellement mais sérieusement abîmée.

Cette souscription nationale ne doit pas souffrir d'une quelconque appropriation. C'est pourquoi nous refusons qu'elle soit placée sous la haute autorité du Président de la République. Nous nous opposons à toute loi d'exception.

Nous devons veiller à préserver le caractère intemporel de Notre-Dame de Paris et ne pas s'approprier son apparence pour en faire un marqueur d'un mandat politique ou d'une époque.

Notre-Dame de Paris est le coeur vibrant de la France. C'est le symbole centenaire de la civilisation européenne et des racines chrétiennes du continent européen. Il s'agit d'un trésor cultuel, culturel et patrimonial d'où partent toutes les routes de France. Il importe de la restaurer dans les règles de l'art en pensant aux générations futures, d'autant que nous disposons pour ce faire de toutes les compétences en France.

Les Français, croyants ou non, ont tous été meurtris par cette souffrance mémorielle et patrimoniale. Ce fut un moment d'unité nationale.

Je suis consternée de constater que, même sur un tel sujet, le Président de la République, dans une exaltation opportuniste, a réussi à diviser les Français et à éveiller leurs inquiétudes sur leur passé, sur ce drame présent et sur notre avenir.

Dans un sondage récent, 72 % d'entre eux se prononcent contre une loi d'exception pour la reconstruction. Ils veulent une restauration à l'identique.

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