Intervention de Jean-Luc Mélenchon

Séance en hémicycle du lundi 13 mai 2019 à 16h00
Représentants au parlement européen élus aux élections de 2019 — Motion de rejet préalable

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Luc Mélenchon :

Le président français dit qu'il n'est pas d'accord avec cet automatisme. Mais ce n'est pas si simple : selon le chef de cabinet de M. Juncker, Martin Selmayr, un Spitzenkandidat victorieux ayant fait campagne dans toute l'Europe pour obtenir une majorité de sièges aura une plus forte légitimité, en tant que président de la Commission, qu'une personne choisie derrière les portes closes – et je vous demande de retenir ce concept de « portes closes » derrière lesquelles on s'arrange. Il n'a pas totalement tort, cet homme. Je ne dis pas que la position du président français soit erronée, mais M. Selmayr n'a pas tort de penser que derrière les portes closes, il se passe parfois des choses tout à fait surprenantes.

Prenons un exemple. Lors des dernières élections européennes, le Parti socialiste avait fait campagne en disant : « Votez pour nous, nous empêcherons M. Juncker d'être président de la Commission européenne. » Et, derrière les portes closes, que s'est-il passé ? Le Parti socialiste européen – PSE – a décidé de voter pour M. Juncker après avoir promis dans les différents pays membres qu'il se passerait le contraire. Je le rappelle, car tous ces éléments ont leur importance à ce moment si crucial de la vie de l'Union européenne.

Le chef de cabinet de M. Juncker, certes, a son opinion, mais là où cela ne va plus du tout, c'est quand se répand le style « AKK ». Mme Annegret Kramp-Karrenbauer a estimé nécessaire de répondre au Président de la République française, le Président de la deuxième puissance de l'Union européenne, que tout ce qu'il avait dit sur le SMIC et sur le reste n'était pas bon du tout. Je vous fais grâce de la citation exacte mais son propos était d'une insolence inouïe. Mme Kramp-Karrenbauer est présidente du parti majoritaire en Allemagne et elle s'adresse au Président de la République française – je fais ici abstraction de mes divergences avec lui – sur un ton qui n'est pas acceptable pour un Français. On ne peut admettre de se faire jeter à la figure une lettre dans laquelle on vous dit, premièrement, que vous pouvez aller vous faire voir, deuxièmement, que le siège du Parlement européen de Strasbourg, on n'y pense plus, et troisièmement que la France devrait laisser son siège de membre permanent du Conseil de sécurité de l'Organisation des Nations Unies – ONU. Non, non et non ! Mille fois non !

On a établi le Parlement européen à Strasbourg parce que c'est le symbole de la nécessité de l'accord entre les Français et les Allemands. Pourquoi ? Parce qu'ils nous ont envahis trois fois et qu'on a voulu leur dire : non…

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