Intervention de Bastien Lachaud

Séance en hémicycle du jeudi 23 mai 2019 à 9h30
Accord de coopération avec la belgique dans le domaine de la mobilité terrestre — Motion de rejet préalable

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBastien Lachaud :

… tant par le général de Gaulle que par François Mitterrand : il s'agit de refuser l'alignement sur toute grande puissance et de ne défendre que l'intérêt du peuple français. Or l'intérêt de notre peuple réside dans la préservation de la paix et le renforcement d'un ordre international fondé sur le respect du droit et la résolution pacifique des conflits grâce à cet outil, certes imparfait mais infiniment précieux, qu'est l'ONU.

Au lieu de cela, l'OTAN avive les tensions dans le monde ou, au besoin, en imagine. Elle pousse ainsi au réarmement pour satisfaire prioritairement la cupidité du complexe militaro-industriel américain.

Je ne quitte pas notre sujet : le partenariat que nous examinons, cette vente de véhicules blindés, intervient alors que les dépenses d'armement croissent dans le monde entier. Surtout, ce contrat arrive alors que Donald Trump a réclamé des États membres de l'OTAN qu'ils portent leur budget de défense à 2 % de leur PIB. C'est bien à cet oukase que répond le gouvernement belge en achetant des avions et des blindés. C'est aussi à cet oukase que votre gouvernement a voulu répondre lors du vote de la loi de programmation militaire. Soucieux d'être les bons élèves du professeur Trump, contrairement à ce que vous prétendez, vous n'aviez pas hésité à vous donner cet objectif de financement de 2 % du PIB avant même de définir les besoins de nos armées. Ce pur souci d'affichage montre combien vos velléités d'autonomie à l'égard de Washington sont feintes et factices.

Tout est fait, en Europe, pour que les États-Unis écoulent leurs stocks d'armes, vous le savez bien. Comment justifient-ils leurs pressions ? Grâce à la Russie ! Le grand méchant Russe, voilà le moyen de terrifier les Européens, hébétés comme des lapins pris dans la lueur des phares. Les États-Unis mettent en scène leurs tensions avec la Russie pour nous mettre nous, pays européens, sous pression. Leur nouvelle Guerre froide est le meilleur moyen de nous forcer à nous enrôler sous leur bannière. Leur manoeuvre est certes très efficace, mais elle est aussi perverse et dangereuse. Depuis des mois, et même des années, nous assistons à une escalade lente mais certaine. Chacun mobilise, envoie des signaux de fermeté, montre les muscles. Les États-Unis se réjouissent beaucoup de cette situation. Les États de l'est de l'Europe sont tellement pétrifiés de peur qu'ils ne souhaitent rien tant que s'assurer la protection du parrain américain. Je signale que, l'an dernier, la Pologne a fait une offre aux États-Unis : elle est prête à débourser 2 milliards de dollars par an pour recevoir et entretenir une division blindée étasunienne sur son territoire. Je vous demande de mesurer un peu l'ampleur du fait. Ce n'est pas là la proposition d'un État souverain ni, a fortiori, d'un État désireux de participer à la construction de votre fumeuse souveraineté européenne. Entretenir une garnison étrangère sur son sol, c'est la situation d'un vassal vis-à-vis d'un empire.

C'est la peur qui conduit à ce genre d'abandon. C'est l'hystérie anti-russe, que tout est fait pour entretenir. Les exercices en tout genre de l'OTAN, ces dernières années, prennent des proportions inédites depuis la Guerre froide. L'exercice en Norvège, Trident Juncture, a mobilisé des milliers d'hommes. Nous avons envoyé des blindés dans les pays baltes, dans le cadre de la mission Lynx, qui fait partie des exercices dits de « réassurance » à l'Est. Les États-Unis cultivent savamment cette atmosphère de paranoïa et le gouvernement français rate rarement une occasion de lui emboîter le pas.

Pour parler de cyberdéfense, vous évoquez la menace russe. Pour parler de l'affaire Benalla, vous évoquez des « bots » russes, même si vous avez plus de difficulté à évoquer les vrais amis russes de ce même Benalla... Mais passons !

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