Intervention de Bastien Lachaud

Séance en hémicycle du jeudi 23 mai 2019 à 9h30
Accord de coopération avec la belgique dans le domaine de la mobilité terrestre — Motion de rejet préalable

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBastien Lachaud :

Il faut dire les choses simplement. Au fil du temps, la France a acquis un savoir industriel qui la rend capable de satisfaire la totalité des besoins de sa défense. C'est cela que nous devons privilégier. La coopération franco-allemande n'est pas équilibrée et ne sera sans doute pas loyale. Rappelons-nous par exemple que, dans le domaine spatial, nous avons signé avec l'Allemagne l'accord dit de Schwerin, qui prévoit que chacun de nos pays développe une compétence spécifique dans la fabrication des satellites : aux Français, le développement des satellites optiques, aux Allemands, la technologie radar. Eh bien, l'Allemagne a déchiré ces accords en décidant, malgré tout, de développer des satellites optiques. En agissant de bonne foi, la France s'est interdit de maîtriser une technologie tandis que l'Allemagne décidait d'avancer dans les deux domaines.

Nous parlons aujourd'hui des blindés de Nexter que nous livrerons à la Belgique à partir de 2025, mais Nexter existera-t-il encore à cette date ? Le projet de char franco-allemand a fait naître un doute à ce sujet. Développé par KNDS, une coentreprise composée à égalité de Nexter et de l'Allemand KMW, le projet intéresse aussi l'Allemand Rheinmetall. Le risque que les deux groupes allemands prennent la main sur le projet est élevé et menace la pérennité de Nexter. Bien sûr, pour l'instant, l'exécutif affirme qu'il sera extrêmement vigilant. Mais permettez-moi de douter de la vigilance d'un gouvernement qui était décidé à brader Alstom à Siemens, après que le Président eut lui-même bradé la branche énergie d'Alstom à l'américain General Electric. J'ai une conception un peu plus exigeante de la vigilance !

Le rapprochement en cours de Naval Group et de Fincantieri soulève des problèmes comparables. Les deux entreprises doivent, nous dit-on, mutualiser leurs capacités dans le domaine des bâtiments de surface. Elles ont certes déjà conduit des projets en commun. Cela semble donc possible. Pourtant, s'agissant de l'électronique qui équipe leurs bateaux, les deux entreprises entretiennent des relations privilégiées avec des partenaires différents : le Français travaille avec Thales, l'Italien avec Leonardo. Qui des deux sera lésé par le rapprochement ? Et cela au nom de quoi ? Au nom d'un prétendu impératif d'aller conquérir des marchés à l'export en faisant baisser les coûts. Cet argument est fallacieux, pour une raison très simple. La plupart des marchés d'armement sont des marchés fermés. Quoi qu'il arrive, Naval Group ne vendra pas de bâtiments à la Chine, aux États-Unis ou à la Russie.

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