Intervention de Pascal Prunet

Réunion du jeudi 23 mai 2019 à 9h40
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Pascal Prunet, architecte en chef des monuments historiques, membre de l'équipe de maîtrise d'oeuvre de Notre-Dame de Paris :

– Saint-Louis a commandé les travaux du transept de Notre-Dame, qui marque l'avènement du classicisme gothique.

J'ai intégré l'équipe de maîtrise d'oeuvre de Notre-Dame, à la demande de Philippe Villeneuve, il y a trois semaines ; elle compte quatre architectes en chef des monuments historiques pour gérer la phase d'urgence impérieuse pour le monument. Le chantier concerne actuellement la mise en sécurité de la cathédrale : le profil des parties hautes évolue progressivement compte tenu de leur habillage. Les mesures de sécurisation visent à assurer la stabilité encore précaire de l'édifice. Depuis l'incendie, elles sont réalisées par les entreprises qui travaillaient sur le chantier initial de la flèche, des équipes de cordistes et une entreprise de maçonnerie de pierres de taille. Des acrobates ont installé des filets de protection.

Il est évident que l'incendie de la charpente a fragilisé l'équilibre de l'ensemble de l'édifice. Si la charpente comptait pour relativement peu dans le poids de la construction, le fait qu'elle fermait les parties du monument contribuait évidemment à sa stabilité. Son effondrement et celui de la flèche ont ébranlé la partie haute du bâtiment, notamment parce que la flèche, en chutant brutalement, a percuté le seul arc-boutant reliant les façades nord et sud, qui constitue un élément essentiel pour la stabilité de la cathédrale.

Les autres percements des voûtes sont moins dangereux, mais celles-ci ont quand même subi un incendie qui a duré des heures et qui a contribué à l'effondrement partiel de certaines d'entre elles, notamment dans la croisée du transept. En fait, la croisée n'a pas pu être atteinte par les pompiers et c'est le seul endroit où le feu a duré jusque tard dans la nuit, si bien que les températures y ont été extrêmement élevées.

Aujourd'hui, nous sommes donc dans une phase de mise en sécurité, qui nous oblige à prendre en compte la globalité du monument, sa structure, son architecture, ses décors, ses dégradations liées au temps... Alors que je ne travaille sur Notre-Dame que depuis trois semaines aux côtés de Philippe Villeneuve, le véritable capitaine de notre équipe, j'ai parfois l'impression de connaître cette cathédrale mieux que celles sur lesquelles j'ai déjà travaillé ; en effet, nous n'intervenons souvent que sur une partie d'un édifice, rarement sur l'ensemble, comme c'est le cas ici. C'est quelque chose de très singulier. Soyons bien conscients que les cathédrales sont des édifices gigantesques, qui n'ont rien à voir de ce fait avec nos églises de campagne !

Nous devons stabiliser la dégradation et envisager progressivement la mise en place d'un projet de restauration et de reconstruction de la partie qui a disparu, à savoir la toiture et la flèche.

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