Intervention de Barbara Pompili

Séance en hémicycle du lundi 3 juin 2019 à 16h00
Mobilités — Présentation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBarbara Pompili, présidente de la commission du développement durable et de l'aménagement du territoire :

Nous voici enfin réunis pour débattre du projet de loi, tant attendu, d'orientation des mobilités, qui va nous permettre de répondre à des attentes pressantes de nos concitoyens trop longtemps ignorées.

La mobilité est un des enjeux les plus déterminants pour la cohésion de notre société : c'est une condition de l'accès au travail, aux services publics, à la culture, aux loisirs. C'est un élément déterminant de notre quotidien : pour faire ses courses, emmener ses enfants à l'école, aller chez le médecin, voir sa famille tout simplement. C'est pourquoi il est bien naturel, légitime, que ceux pour qui le moindre déplacement rime avec complexité, que ceux qui sont quotidiennement en difficulté pour se déplacer, expriment un découragement profond voire un sentiment d'abandon. Les attentes de nos concitoyens sont aussi grandes que concrètes ; nos réponses doivent l'être tout autant.

Je souhaite tout d'abord saluer la méthode choisie par le Gouvernement. Les Assises nationales de la mobilité ont été un exercice exemplaire. Elles ont permis de dresser un état des lieux exhaustif et surtout partagé des attentes de toutes les parties concernées. Une conclusion s'est imposée : il nous faut oeuvrer enfin pour les mobilités du quotidien et en finir avec les promesses non tenues ou les grands projets déconnectés des besoins du terrain.

C'est l'objet de ce projet de loi, qui, près de quarante ans après l'adoption de la loi d'orientation des transports intérieurs, va profondément renouveler la donne. Il s'agit d'apporter des solutions à chacun pour se déplacer, avec quatre enjeux prioritaires : investir davantage dans les infrastructures ; proposer à tous et partout des alternatives à la voiture individuelle ; s'appuyer sur les innovations et développer de nouvelles solutions de mobilité ; réussir la transition écologique dans les transports.

Chacun doit disposer, pour se déplacer, d'une solution accessible et en même temps plus respectueuse de l'environnement. Ces deux priorités doivent aller de pair. Dans de nombreux cas, l'automobile reste un moyen de locomotion pour l'instant incontournable, mais nos concitoyens sont aussi tout à fait conscients de l'urgence des enjeux climatiques. Compte tenu du poids du secteur des transports dans les émissions de gaz à effet de serre, ils savent que nous ne pouvons plus attendre ; ils savent aussi que nous devons réduire notre dépendance aux énergies fossiles car la raréfaction de ces dernières renchérira inévitablement le coût des carburants.

La voie que nous privilégions, c'est donc que le plus grand nombre dispose, à terme, d'une alternative à l'utilisation de la voiture pour ses déplacements quotidiens. Pour y parvenir, nous réformons la gouvernance des mobilités. La mise en place des autorités organisatrices de la mobilité va permettre de mieux répondre aux besoins de proximité et de désenclaver des territoires trop longtemps délaissés. Nous devons aussi accompagner le développement des nouvelles mobilités, comme le covoiturage, qui permettent de réduire l'« autosolisme » ; nous devons les encourager, notamment avec le forfait mobilités durables. Notre commission a exprimé sur ce point des attentes fortes, que je partage. J'espère que nos débats nous permettront de progresser encore sur ce sujet essentiel. Notre commission a également pris de nombreuses mesures pour développer l'usage du vélo car nous sommes également très attachés à la promotion des mobilités actives, qui répondent aussi à des enjeux de santé publique.

Réformer la gouvernance et proposer de nouvelles formes de mobilité, partout et pour tous, sont des prérequis à l'interdiction, à compter de 2040, de la vente de véhicules particuliers neufs utilisant des énergies fossiles, que notre commission a votée. Dans un contexte technologique qui n'a jamais été aussi porteur pour assurer la transition écologique, cette mesure permet de préparer chacun aux changements nécessaires et donne la prévisibilité dont ont besoin l'ensemble des acteurs.

Dernier point sur lequel je souhaite insister : améliorer les mobilités du quotidien implique aussi d'y consacrer des infrastructures de qualité et les financements correspondants. Un travail de fond a été mené sur ce sujet par le Conseil d'orientation des infrastructures. L'exercice était ardu. Il a pu susciter des amertumes quand certains projets n'ont pas été considérés prioritaires. Je retiens surtout de l'exercice qu'il a été responsable : pour chaque scénario retenu, les besoins de financement ont été identifiés, et c'est en connaissance de cause que nous pourrons nous déterminer. C'est d'ailleurs bien dans cette perspective que notre commission a jugé nécessaire de prévoir une contribution du secteur aérien, dont on connaît l'impact climatique, au financement des infrastructures de transport.

Je terminerai mon propos en saluant le travail de nos cinq formidables rapporteurs ainsi que de nos rapporteurs pour avis et en remerciant Mme la ministre pour son écoute et sa disponibilité, puisque notre commission a consacré plus de cinquante et une heures à l'examen du projet de loi.

Je ne doute pas que nos débats en séance publique seront riches. Nous avons l'occasion d'améliorer concrètement le quotidien de tous nos concitoyens : soyons au rendez-vous.

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