Intervention de Bruno Millienne

Séance en hémicycle du lundi 3 juin 2019 à 16h00
Mobilités — Motion de renvoi en commission

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBruno Millienne, rapporteur de la commission du développement durable et de l'aménagement du territoire :

Monsieur le député, il ne vous étonnera pas que j'émette un avis défavorable sur cette motion de renvoi en commission, que je ne comprends pas bien car, sur de nombreux points que vous avez évoqués dans votre intervention, nous partageons les mêmes objectifs : pourquoi faudrait-il donc renvoyer ce texte en commission, puisque l'occasion nous est donnée d'en discuter, de l'amender et de l'améliorer ici, dans l'hémicycle – ce que, j'en suis persuadé, vous ne manquerez pas de faire ?

En outre, voter cette motion serait peut-être faire injure à tout le travail accompli sur ce texte. Comme vous le disiez, en effet, au tout début de votre intervention, 550 jours se sont écoulés entre les Assises de la mobilité et le moment où ce texte arrive enfin dans l'hémicycle, après des heures et des heures de travail : des associations, des élus locaux, le Gouvernement et les équipes Élisabeth Borne, des commissaires, des députés et la Haute assemblée ont travaillé dur. Ce serait faire injure à tous ces gens et à tout le temps qu'ils ont passé sur ce texte que de le renvoyer en commission.

Ce texte est, comme vous l'avez noté, important à plusieurs égards, et notamment pour ce qui concerne le titre dont je suis chargé. Il s'agit en effet d'un texte de décentralisation important pour les territoires. De fait, la fracture qui existe dans notre pays est liée pour partie à la fracture territoriale, laquelle se perpétuera si nous ne donnons pas aux territoires les moyens d'organiser la mobilité du quotidien. Il faut vraiment que nous parvenions à résoudre ce problème et, si ce texte n'est pas la réponse à tout, il est au moins l'une des réponses à cette fracture territoriale et nous devons mener à bien ce travail. Le désenclavement et les zones blanches sont des questions dont nous devons nous emparer, comme le prévoit le texte, lequel peut être amendé et amélioré – ce qui fera la richesse de nos débats.

Vous avez évoqué les lignes à grande vitesse, en nous reprochant presque de vouloir les arrêter toutes. Peut-être faudrait-il toutefois faire une pause dans ce domaine et nous occuper un peu de la mobilité du quotidien, dont nos concitoyens ont besoin.

Je terminerai en évoquant une question sur laquelle le professeur Fugit vous aurait répondu s'il avait été au banc : vous nous demandez de mettre fin à l'utilisation des moteurs à essence et diesel en 2030 plutôt qu'en 2040, mais toutes les auditions des personnes concernées, auxquelles j'ai assisté avec Jean-Luc Fugit, ont fait apparaître que cet arrêt était difficilement réalisable pour 2030. Or, on peut reprocher à bon nombre des gouvernements précédents d'avoir fait des promesses qu'ils n'ont jamais pu tenir.

J'émets donc un avis défavorable à cette motion de renvoi en commission et je ne doute pas que nous aurons des débats fructueux.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.