Intervention de Gabriel Serville

Séance en hémicycle du lundi 3 juin 2019 à 21h30
Mobilités — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGabriel Serville :

Tout est fait ici pour accélérer toujours un peu plus l'ubérisation des mobilités avec des sociétés privées qui deviennent actrices principales et des pouvoirs publics relégués au rang de simples arbitres.

Sur la question sociale, ce n'est guère mieux : aucun effort particulier n'est fait à destination de ceux qui souffrent le plus des fractures territoriales ou sociales, j'y reviendrai un peu plus tard. Il est vrai que le projet comporte quelques mesurettes mais, là encore, tout est flou ou, tout au moins, pas à la hauteur des attentes des populations. On ne voit pas bien comment celles-ci pourraient résoudre les problèmes liés à la précarité de la mobilité, comme l'illustre le caractère non-obligatoire du forfait mobilités durables et des aides à la mobilité des publics fragiles.

Enfin – je finirai par là mon propos – comment ne pas remarquer que deux secteurs de la mobilité brillent par leur absence : l'aérien et le maritime ? Trente-sept ans d'attente et pas un mot alors que plus de 33 millions de personnes ont emprunté une liaison aérienne domestique l'année dernière et que 32 millions de passagers ont fréquenté les ports maritimes français ! Comment peut-on parler de mobilités et de lutte contre le réchauffement climatique sans aborder deux des modes de transport les plus polluants ? Certes, malgré les menaces répétées d'irrecevabilité, le sujet est entré par la petite porte en commission et c'est tant mieux, mais nous restons sur notre faim.

Par ailleurs, outre la question des enjeux environnementaux, une autre problématique majeure impliquant ces deux secteurs reste en suspens – elle m'intéresse tout particulièrement en tant qu'élu de la Guyane, territoire d'Amazonie situé à 7 000 kilomètres de Paris et souffrant d'un double enclavement, où les services publics sont rares et souvent inefficaces – : je veux parler de la continuité territoriale et de la mobilité outre-mer.

Combien de fois faudra-t-il le répéter ? La France n'est pas que continentale : elle est aussi mondiale et maritime. Pourtant, à la lecture de ce projet de loi, on voit bien que les seules mobilités qui vous ont préoccupés sont bel et bien celles des Français de l'hexagone, les citoyens d'outre-mer restant comme à l'accoutumée sur le carreau. Les voitures électriques, les trottinettes, les véloroutes, les applications mobiles sont certes des enjeux majeurs qui requièrent toute notre attention et qui mériteraient un texte d'envergure. A contrario, le véritable enjeu pour les presque 3 millions de Français des outre-mer, c'est le désenclavement, lequel passe nécessairement par l'aérien et le maritime. Cet oubli volontaire nous désole particulièrement à la lecture des objectifs présentés dans l'exposé des motifs visant à réduire la fracture et les inégalités territoriales. Cela ne fait pas sens pour tout le monde, en tous cas pas pour nos concitoyens ultramarins.

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