Intervention de Laurent Grandin

Réunion du jeudi 9 mai 2019 à 9h30
Commission d'enquête sur la situation et les pratiques de la grande distribution et de ses groupements dans leurs relations commerciales avec les fournisseurs

Laurent Grandin, président de l'Association interprofessionnelle des fruits et légumes frais (INTERFEL) :

Le groupe Pomona est un groupe centenaire qui est à 100 % familial. Il n'est pas coté en Bourse. Comme directeur de TerreAzur pour l'Île-de-France, j'étais spécialiste de la restauration. En effet, TerreAzur constitue sans doute l'une des plus grandes entreprises de France, et peut-être d'Europe, pour la distribution de fruits et légumes en direction de la restauration. Dans ces fonctions, je n'étais donc pas confronté directement, je tiens à le dire, à la grande distribution.

Cela ne veut pas dire qu'un pourcentage de l'activité de Pomona n'est pas fait avec les grands magasins spécialisés (GMS). Mais ce pourcentage est relativement marginal au regard de l'activité d'ensemble de Pomona, activité tournée vers la restauration et vers les métiers de bouche, donc plus vers l'activité de détail traditionnelle que vers la grande distribution.

Aujourd'hui, comme les règles ou les lois n'ont pas encore pu commencer à se mettre en place dans notre secteur et qu'il n'y a pas de négociation annuelle, la négociation avec la grande distribution s'opère de gré à gré. Nous ne connaissons pas de difficultés spécifiques, sachant que les grossistes sont des contributeurs un peu marginaux dans le dispositif de distribution. Car l'essentiel des achats est effectué par les centrales d'achat. Nous ne faisons ainsi que compléter une offre soit d'opportunité, soit de spécificité, au sein de la grande distribution. Nous sommes donc moins touchés frontalement par les produits de masse.

Au niveau de la société Pomona, je n'ai donc pas de remarque particulière à formuler. Mais je ne suis bien sûr pas le dépositaire de la vérité dernière, ni le président de Pomona. Cela se saurait ! Je ne parle qu'u niveau du périmètre d'activité que je connais et dans lequel j'exerce.

Concernant la vente directe des producteurs et ce qu'on pourrait peut-être qualifier de relocalisation des productions de manière générale, il s'agit d'un phénomène qui s'amplifie de manière considérable. Pour la partie que je connais le mieux, à savoir la restauration, il prend très largement le pas sur la diffusion des produits issus de l'agriculture biologique, laquelle peine à se développer en restauration collective pour des questions de coût. Je vous rappelle qu'en effet, sur les dix premiers produits de la restauration, le bio coûte 70 % plus cher que le produit conventionnel. Il faut avoir ces chiffres en tête pour mieux voir combien la marche à gravir est élevée.

Par contre, l'approvisionnement local se développe bien. À INTERFEL, nous avons un principe, tant pour le bio que pour la vente directe : nous n'opposons ni les agricultures ni les circuits. Dans la logique du guide auquel nous avons travaillé et sur lesquels les quatorze familles professionnelles d'INTERFEL se sont mises d'accord, nous avons créé les conditions nécessaires pour faciliter la mise en oeuvre des dispositions de contractualisation là où c'était souhaité. Car, du point de vue de la typologie de nos produits, certains sont prévisibles et d'autres non. La gestion des produits stockables est plus prévisible que celle des produits extrêmement exposés.

Or, pour nouer un contrat, il faut être au moins deux. Il faut qu'un souhait s'exprime. D'ailleurs, la loi EGAlim a renversé le dispositif primaire de la loi de modernisation économique (LME). À notre avis, elle remet ainsi les choses dans le bon sens de la marche. Mais, pour l'heure, et pour les raisons que j'évoquais, nous n'avons pas encore reçu de proposition de contrat de la part de l'amont. Cependant, le guide auquel nous avons travaillé collectivement a précisément pour objet de faciliter l'émergence d'un dispositif conforme à la loi, loi qui n'est pas toujours facile à décrypter pour un producteur individuel.

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