Intervention de Philippe Chalmin

Réunion du jeudi 16 mai 2019 à 16h30
Commission d'enquête sur la situation et les pratiques de la grande distribution et de ses groupements dans leurs relations commerciales avec les fournisseurs

Philippe Chalmin, président de l'Observatoire de la formation des prix et des marges des produits alimentaires :

L'année prochaine, nous allons créer un groupe de travail bio et nous pourrons répondre en partie à votre question. Pour l'instant, le bio, nous ne l'identifions pas.

Pour le reste, la concentration dans la grande distribution en France, est inférieure à celle que l'on rencontre dans d'autres pays. La France est le seul pays où chaque année – et je parle totalement à titre personnel – les « négos » – et il n'y a qu'en France que ce mot de « négo » existe – donnent lieu à pareil psychodrame et à autant de sang sur les murs. C'est très particulier et lié au fait que la France n'est pas une société de confiance. Nous sommes le pays où l'accumulation réglementaire est la plus forte. À chaque fois qu'un grillage est rajouté, on cherche les trous pour passer au travers.

Je vous donne un exemple. Dans une vie antérieure, j'ai été chef économiste de la principale société française d'assurance crédit, la SFAC, devenue le groupe Euler Hermès. En Allemagne, les délais de paiement étaient de 45 jours fin de mois, point à la ligne. En France, les délais de paiement, avant que l'on ne mette en place des restrictions pour les produits frais et pour les boissons alcoolisées, étaient de 90 jours fin de mois. Mais lorsque la conjoncture n'était pas bonne, ça avait tendance à s'étaler. Cela s'observait dans tous les secteurs, y compris dans le secteur industriel automobile où Renault, Peugeot, étaient parfois les premiers à payer leurs sous-traitants aux alentours de 120 jours, avant de venir pleurer ensuite si les sous-traitants se retrouvaient subclaquants. Nous avons dans notre patrimoine culturel, une méfiance considérable qui explique que la France est un des seuls pays avec l'Espagne, à avoir un Observatoire. Lorsque nous rencontrons les Allemands, à l'occasion de la présentation de nos travaux à Bruxelles, ils nous disent que la présence d'un observatoire serait impossible chez eux car ils n'ont pas besoin de ce niveau de transparence. En Allemagne, lorsqu'un accord est signé, on va boire une bière et on se retrouve un an plus tard. En France, l'encre est à peine sèche que l'une ou l'autre partie remet l'accord en cause.

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