Intervention de Dominique Amirault

Réunion du mercredi 29 mai 2019 à 17h00
Commission d'enquête sur la situation et les pratiques de la grande distribution et de ses groupements dans leurs relations commerciales avec les fournisseurs

Dominique Amirault, président de la Fédération des entreprises et entrepreneurs de France (FEEF) :

La LEEF représente les fournisseurs PME et ETI d'un hypermarché, 75 % dans l'alimentaire et 25 % dans le non alimentaire. Il est très important d'avoir les deux, car cela permet de comprendre pourquoi, par exemple, le textile a disparu de France. Si vous voulez fabriquer des produits textiles made in France, vous vous heurterez à un problème de savoir-faire parce qu'on a mis tout le monde au chômage. Or lorsque les gens ne sont plus actifs, ils perdent leur savoir-faire. C'est donc le capital qu'on a détruit. C'est ce qui pourrait arriver au secteur alimentaire si on n'y prend pas garde.

Nous représentons 20 000 entreprises, soit un chiffre d'affaires de 100 milliards et 250 000 emplois répartis sur l'ensemble du territoire. Nous sommes présents également en restauration hors foyer (RHF), et à l'export, notamment en ce qui concerne le vin.

La FEEF est un peu « l'aile marchante », c'est elle qui organise les choses. C'est un facilitateur, un accélérateur d'affaires. Mais elle ne se substitue pas aux acteurs, aux entrepreneurs qui prennent leurs responsabilités. Elle essaie d'aménager le cadre, un peu comme vous le faites avec la loi. La FEEF est l'expert des relations entre l'industrie et le commerce des PME. Elle fait tout cela d'abord par le dialogue. On parle de collaboratif, comme on le fait dans la Silicon Valley que je connais par ailleurs pour d'autres raisons. Plus on pratique le collaboratif entre nous, plus on sert d'exemple dans les relations qu'on veut avoir avec nos clients. Nous organisons des événements, des rencontres pour que les gens dégustent leurs produits, parlent, se connaissent, échangent leur carte de visite, etc.

Comme je le dis parfois, nous sommes le Meetic de la relation commerciale. C'est parce qu'il y a des rencontres que des histoires d'amour peuvent se construire. Comme je l'ai indiqué, la FEEF compte 1 000 adhérents, tous très actifs. Les gens s'engagent, ce sont des militants dans le sens où ils participent à ces événements, dans les groupes de travail avec les différentes enseignes pour essayer d'avancer concrètement et éviter d'être dans le « Y'a qu'à, faut qu'on », dans l'idéologie, la guerre continuelle. On parle très peu de ces affaires-là avec la presse. On essaie de régler nos problèmes entre nous, avec nos partenaires.

Vous m'avez posé une autre question concernant la part des MDD. Les panels du type Nielsen montrent qu'environ la moitié de l'activité est réalisée par les grandes marques peu nombreuses mais extrêmement puissantes. Le reste se répartit entre les marques de distributeur – environ 30 % – et les marques des PME – quelque 20 %. Les PME fabriquant environ 80 % des MDD, elles représentent donc, de manière directe ou indirecte, près de la moitié du chiffre d'affaires des magasins. Dans un linéaire, près d'un produit sur deux provient donc d'une PME et il est commercialisé en son nom propre ou sous une MDD.

Pourquoi fabriquons-nous sous MDD ? De nos jours, les attentes des consommateurs sont de plus en plus fragmentées. Le consommateur veut de la transparence, il veut savoir si les produits sont bons pour sa santé et pour l'environnement. Quand le distributeur s'engage à satisfaire ces demandes, il le fait avec nous, des partenaires avec lesquels il discute et qui n'ont pas toujours les moyens de répondre seuls aux attentes des consommateurs. Mais nous avons nos propres marques. Nous testons ce que nous savons faire seuls ou avec les distributeurs. Nous avons besoin des deux activités pour nous développer. Souvenez-vous que nous vivons dans les territoires, que des familles travaillent chez nous, que nous créons des emplois. La fabrication sous MDD peut aussi être un moyen de répondre aux attentes des consommateurs et des citoyens.

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