Intervention de Emmanuelle Ménard

Réunion du mercredi 29 mai 2019 à 10h05
Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la république

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaEmmanuelle Ménard :

Juste avant de venir en commission des Lois, je participais à une réunion sur la sécurité organisée par notre collègue Éric Ciotti. Pour illustrer son quotidien, un des policiers présents nous a donné l'exemple d'un mineur délinquant auteur de trente-trois vols à la portière. Le jour de son trente-troisième vol, il a été arrêté, placé en garde à vue puis relâché ; une heure après sa libération, il est arrêté une nouvelle fois, pour un trente-quatrième vol à la portière. J'ai compris, madame la Contrôleure générale, que vous n'étiez pas favorable à l'incarcération systématique des mineurs délinquants ; mais quelle solution proposez-vous dans des cas comme celui-là ?

J'en viens à la sécurité à l'intérieur de nos prisons – la sécurité pour les détenus, évidemment, mais surtout et avant tout la sécurité pour le personnel pénitentiaire. Je vous donnerai un exemple, très terre à terre, j'en conviens, mais c'est le quotidien des surveillants. Le 21 mars dernier, au centre pénitentiaire du Gasquinoy, à Béziers, un renseignement interne ayant établi qu'un détenu radicalisé avait l'intention d'agresser un surveillant avec un couteau en céramique, la direction a ordonné une fouille de cellule. Un détenu qui semblait être complice du potentiel agresseur a alors menacé de « cramer les gardiens » dont il voulait « voir la peau fondre ». Le drame a été évité de justesse après que les surveillants se sont rendu compte que cet individu avait fait bouillir de l'huile dans sa cellule à l'aide d'une plaque chauffante. Le 20 novembre 2018, un détenu avait déjà jeté de l'eau bouillante au visage d'un surveillant à la maison centrale d'Arles. Le 23 février dernier, les mêmes faits se sont produits à la prison de Saint-Maur. Plusieurs organisations syndicales ont déjà alerté sur le danger que présentent les plaques de cuisson dont l'installation dans les cellules, de tolérée en raison de pathologies, est devenue la règle. Madame la Contrôleure générale, vous parlez d'équilibre entre impératif de sécurité et droits fondamentaux des détenus ; pouvez-vous me dire où, dans des cas concrets comme ceux-là, vous placez le curseur ? Je pense que le personnel pénitentiaire aurait également besoin d'être rassuré.

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