Intervention de Justine Benin

Réunion du mercredi 29 mai 2019 à 9h30
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJustine Benin :

Je tiens à saluer, au nom du groupe MODEM et apparentés, la proposition de M. Serge Letchimy et d'autres collègues du groupe Socialistes et apparentés tendant à constituer une commission d'enquête sur l'impact économique, sanitaire et environnemental du chlordécone et du paraquat sur les terres de Guadeloupe et de Martinique.

Il aura fallu trente ans pour qu'enfin, un Président de la République s'exprime clairement sur la tragédie du chlordécone et du paraquat. En septembre 2018, lorsque le chef de l'État s'est rendu aux Antilles, il a reconnu, devant les populations de Guadeloupe et de Martinique que la pollution au chlordécone était « un scandale environnemental », « le fruit d'un aveuglement collectif ». Il a ajouté : « L'État doit prendre toute sa part de responsabilité ». Cette parole présidentielle a été saluée par tous, mais ce n'est qu'une première étape sur le chemin de la réparation et de la vérité auxquelles aspirent les populations depuis tant d'années.

Le chlordécone – vous l'avez dit, monsieur le rapporteur – est un pesticide toxique, un perturbateur endocrinien dont la dangerosité a été maintes et maintes fois prouvée dans les plus grandes revues scientifiques internationales. Il a été utilisé dans les bananeraies des Antilles entre 1972 et 1993. Des milliers de tonnes de ce produit ont été déversées dans nos champs et dans nos rivières, polluant les terres pour les décennies voire les siècles à venir. Comme vous l'imaginez, mes chers collègues, ce drame écologique a des conséquences sanitaires graves pour les populations. On peine même à les évaluer en vue d'une indemnisation.

Il est vrai – Mme Gaillot l'a rappelé – que, dans le cadre de la loi EGALIM et de l'examen de la proposition de loi de Mme Hélène Vainqueur-Christophe, nous avons discuté du sujet. Mme Agnès Buzyn a également pris des engagements forts dans la perspective du prochain projet de loi de financement de la sécurité sociale. Cela dit, les populations des Antilles attendent des réponses concrètes de la part de la représentation nationale, des pouvoirs publics et de l'État. Elles veulent également de la transparence – au sujet de ce qu'elles boivent et de ce qu'elles mangent, mais aussi des responsabilités de l'ensemble des acteurs.

Pour conclure, le groupe MODEM et apparentés reconnaît la recevabilité de cette demande de création d'une commission d'enquête et la soutient avec tout le volontarisme que vous nous connaissez. Nous devons nous investir dans cette commission d'enquête, pour que les populations de la Guadeloupe et de la Martinique trouvent des réponses à leurs inquiétudes.

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