Intervention de Mathilde Panot

Séance en hémicycle du vendredi 14 juin 2019 à 21h30
Mobilités — Après l'article 50

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMathilde Panot :

Cet amendement déposé par mon collègue François Ruffin, que Mme Batho, qui en est également signataire, ne peut défendre puisque son temps de parole est écoulé, ainsi que le suivant, le no 2845, proposent des suppressions de lignes intérieures lorsqu'elles sont substituables par le train, avec deux méthodes de calcul différentes. Ils appellent tous deux une réponse de la part de Mme la ministre.

Ces amendements sont issus d'une proposition de loi déposée par plusieurs députés de différents groupes. Ils correspondent à l'enjeu écologique de notre temps, qui répond à une quadruple injustice : climatique, tout d'abord – l'avion est au moins cinquante fois plus polluant que le train – ; sociale, puisqu'on estime qu'à l'échelle mondiale, les personnes qui prennent l'avion sont les 5 % des habitants les plus riches de la planète et qu'en France, 50 % des déplacements sont le fait des 2 % les plus aisés ; fiscale, car notre pays favorise l'aérien au détriment du ferroviaire, notamment avec l'absence de taxation sur le kérosène et l'exonération de TVA – les organisations non gouvernementales estiment à 3,6 milliards d'euros le manque à gagner fiscal ; territoriale, enfin, avec la fermeture des petites gares et des petites lignes. Le symbole le plus flagrant en est la disparition quasi totale des trains de nuit en France.

L'amendement 3 rectifié vise à interdire les vols intérieurs substituables par le train, avec une différence de deux heures trente – qui se limite en réalité à une demi-heure si l'on tient compte du temps de trajet entre aéroport et centre-ville au départ comme à l'arrivée. La distance Paris-Marseille, par exemple, peut se parcourir en avion en une heure vingt, contre trois heures cinq en TGV. Nous proposons donc sur cette liaison, où la différence entre les deux modes de transport est inférieure à deux heures trente, de supprimer le vol entre Paris et Marseille.

Au moment où la jeunesse de notre pays se lève pour refuser le modèle économique dans lequel nous vivons et nous appeler à agir face à l'urgence écologique et climatique, nous pourrions éviter par ce moyen 1,1 à 1,2 million de tonnes d'équivalent CO2 par an. La mesure est donc extrêmement importante.

Dans le même esprit, l'amendement no 2845 de Mme Batho suggère d'interdire les lignes intérieures pour tous les trajets sur lesquels la différence serait inférieure ou égale à cinq heures.

Nous vous demandons donc solennellement, madame la ministre, de répondre aux propositions formulées par ces deux amendements. C'est une mesure d'urgence écologique et climatique, soutenue par plusieurs associations, qui pourrait être mise en oeuvre immédiatement sans pour autant interdire aux Français de se déplacer.

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