Intervention de David Larramendy

Réunion du mercredi 29 mai 2019 à 9h35
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

David Larramendy, président du Syndicat national de la publicité télévisée :

Les radios locales accordent beaucoup d'importance aux chiffres de l'étude France Pub, dont je rappelle qu'elle a été commanditée par différents acteurs qui n'ont pas intérêt à ce que la publicité segmentée arrive en télévision, puisque ce sont des acteurs de la presse, de la radio et de l'affichage. Je ne les mettrai pas en cause, mais je prendrai les chiffres de cette étude avec un certain recul.

D'ailleurs, lorsque le secteur de la distribution a été ouvert une première fois en 2017, – ce qui devait être une première étape, et la deuxième est encore à venir –, il n'y a pas eu d'impact à moyen terme, notamment pour les radios. Je le dis d'autant plus facilement, qu'au-delà du SNPTV, je travaille également pour le Groupe M6 qui possède des ex-radios du groupe RTL et environ 25 % du marché publicitaire. Nous sommes aussi attentifs au devenir de ce marché publicitaire.

En ce qui concerne les usagers, il ne faut pas oublier que les contenus ont un coût. Les chaînes dépensent des centaines de millions d'euros dans la production de contenus. Trois moyens de financement coexistent. Il y a la redevance que vos administrés ne sont peut-être pas tellement heureux de payer ; la publicité ; et désormais, notamment avec Netflix et les différentes plateformes, l'abonnement mensuel.

Ce qui importe, c'est que les gens puissent consommer ce qu'ils souhaitent et qu'ils choisissent la façon dont ils paient. Les personnes hostiles à la publicité peuvent s'abonner à Netflix pour accéder à un certain nombre de produits de qualité, ou regarder France Télévisions après 20 heures s'ils le souhaitent. D'autres personnes attachées à la gratuité savent qu'en contrepartie, la publicité permet de récolter l'argent pour financer ces contenus.

Sur les assouplissements évoqués par Monsieur Bournazel, qui proposait soit d'assouplir davantage les acteurs historiques, soit de réguler davantage les nouveaux acteurs, nous préférerions assouplir. Nous croyons beaucoup à la liberté et au libre arbitre, que ce soit des consommateurs ou des différents acteurs de cette belle industrie. Il vaudrait mieux essayer de relâcher les freins dont nous pâtissons, plutôt que d'en mettre davantage aux autres plateformes.

En ce qui concerne la radio, je partage la faible acceptabilité de la publicité. Quand vous avez une publicité pour une banque ou pour l'achat d'une voiture qui consacre quinze secondes aux mentions légales, c'est absolument infernal. Ces mentions légales rendent très difficile l'écoute de la radio, aujourd'hui.

De façon générale, nous sommes favorables à un assouplissement de la réglementation.

En ce qui concerne la publicité pour le cinéma, si le statu quo est bon, nous pouvons aussi en sortir. Nous avons souvent tendance à considérer l'industrie du cinéma comme évoluant dans un vase clos. Or, aujourd'hui, la question n'est pas de savoir si le blockbuster fera davantage de publicité qu'un film d'Art et d'Essai qui ne sera pas distribué de la même façon. Aujourd'hui, sans publicité, la seule façon de faire la promotion d'un film est de faire participer des acteurs ou des réalisateurs à des journaux télévisés. Ce sont alors davantage les blockbusters que vous allez voir, que des films plus confidentiels. L'asymétrie existe déjà.

Il existe aujourd'hui une multitude de chaînes avec une multitude de budgets. Nous ne sommes plus dans les années 1980 où le seul écran publicitaire – qui coûtait des millions de francs à l'époque – était celui de 20 heures 30 sur TF1. Des chaînes plus confidentielles, plus thématiques, mais également le parrainage permettent, avec un budget à partir de 20 000 euros, d'être présents et de se manifester vers ses cibles.

Les opportunités de divertissement des Français, comme Netflix ou le Zoo de Beauval, font désormais de la publicité à la télévision. Ce serait un moyen de s'adresser à des gens différents des cinéphiles qui vont au cinéma de façon récurrente. Lorsque vous n'avez que de la publicité, soit dans les salles, soit sur des sites spécialisés dans le cinéma, vous ne vous adressez qu'à des gens déjà convaincus de l'intérêt du cinéma et vous n'encourager pas un public non habituel à franchir le pas.

J'espère que nous pourrons faire évoluer l'industrie du cinéma afin qu'elle se rende compte de l'intérêt de partir à la recherche de nouveaux spectateurs.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.