Intervention de Alain Liberty

Réunion du mercredi 29 mai 2019 à 9h35
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Alain Liberty, président du Syndicat interprofessionnel des radios indépendantes (SIRTI) :

Il ne faut pas oublier le droit d'entrée imposé, d'une certaine manière, à nos radios locales et régionales pour avoir accès au marché publicitaire local. Les radios sont effectivement soumises à un grand nombre d'obligations figurant dans les conventions passées avec le CSA, en contrepartie desquelles elles sont autorisées à accéder au marché publicitaire local. Toutes les radios n'ont pas accès à ce marché publicitaire local, à commencer par les grandes radios nationales.

Si, demain, nous autorisons sans véritable encadrement l'ensemble des chaînes de télévision à accéder au marché local par le biais de la publicité segmentée, il ne sera pas possible de maintenir cette position vis-à-vis des autres acteurs, notamment des radios nationales. Il risque d'y avoir un effet domino, avec des conséquences encore plus importantes que celles que l'on peut imaginer aujourd'hui.

Quant aux expérimentations, on peut toujours tester pendant deux ans et voir après si la victime bouge encore ! Mettre en place un système pendant deux ans pour se rendre compte in fine que l'on s'est malheureusement trompé et qu'il y a bel et bien un effet négatif sur les acteurs locaux me paraît assez dangereux.

Quelle marge de manoeuvre a-t-on pour augmenter le volume publicitaire ? Une telle évolution est toujours possible. Je rappelle qu'en 2009, la publicité télévisée est déjà passé de six à neuf minutes par heure.

La publicité segmentée serait un moyen d'obtenir un plus grand consentement des auditeurs et des téléspectateurs à la publicité. Mais qui souhaite réellement être suivi à la trace ? On estime aujourd'hui à 30 % le nombre d'internautes recourant aux bloqueurs de publicité en ligne. Une publicité trop ciblée finit par être extrêmement invasive. Vous avez fait l'expérience de cette paire de chaussures qui vous cligne de l'oeil pendant des semaines après la visite du site de la marque…

Nous sommes aujourd'hui confrontés à une réglementation qui, par bien des aspects, est obsolète. Nous devons trouver des solutions, et elles existent. Notre syndicat en a proposé plus d'une, dont l'adhésion des radios à cette fameuse charte alimentaire à laquelle nous n'avions pu souscrire à l'époque. Nous sommes actuellement en train d'y souscrire et nous serons signataires de sa nouvelle mouture.

Nous avons suggéré de nombreuses évolutions visant à garantir à l'ensemble de nos médias, quelle que soit leur nature, la diffusion et l'intégration sur l'ensemble des plateformes et systèmes de diffusion. Aujourd'hui, nous sommes absents de la plupart des systèmes connectés embarqués qui équipent les voitures. Nos radios devraient y avoir un accès automatique autorisé par l'État et par le Conseil supérieur de l'audiovisuel. Une autre façon de lutter contre l'invasion des GAFAM serait également d'imposer des puces de réception radio dans l'ensemble des téléphones, comme cela est déjà fait dans certains pays, dont le Mexique.

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