Intervention de Thomas Gassilloud

Réunion du lundi 3 juin 2019 à 21h00
Commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaThomas Gassilloud, rapporteur pour avis de la commission de la défense nationale et des forces armées (Forces terrestres) :

Madame la ministre, je vous remercie pour les propos tenus à Singapour, rappelant les grands axes de la position française concernant la situation en Indopacifique.

J'ai déjà eu l'occasion à plusieurs reprises de vous faire part de mes inquiétudes concernant le niveau de préparation opérationnelle des forces terrestres. J'aimerais revenir sur ce sujet, cette fois à la lumière de l'exécution du budget 2018. Alors que les outils de préparation opérationnelle n'ont jamais été aussi performants, le niveau d'entraînement de nos soldats – en particulier au sein de l'armée de terre – a globalement chuté depuis 2015, avec un effet durable sur leur capacité. Même s'il est normal que le réinvestissement engagé à partir de 2017 peine encore à se traduire par des résultats mesurables en 2018, la Cour des comptes s'en est émue dans sa note sur l'exécution budgétaire 2018. Elle note que la norme de quatre-vingt-dix jours de préparation opérationnelle par homme n'est pas atteinte en 2018, pas plus que depuis le début de la programmation militaire 2014-2019.

En 2018, l'armée de terre a atteint quatre-vingt-un jours de préparation opérationnelle, soit neuf jours d'écart avec la cible, alors que son effectif était en augmentation de 1 000 soldats par rapport à celui de 2017. Comment l'expliquer ?

La première cause est liée à l'intensité opérationnelle, tant en opérations extérieures que sur le territoire national. Le recrutement en est la deuxième cause. La manoeuvre de recrutement entamée en 2015 a mobilisé les infrastructures et les hommes. Dans ce contexte, la fidélisation est un enjeu majeur pour notre armée de terre et doit être soutenue par tous les moyens. Vous avez rappelé la sous-consommation du titre 2 en 2018 : 211 millions d'euros et 4 000 départs supplémentaires par rapport aux prévisions de la LFI. Il nous faut creuser le sujet car, même si nous espérons tous que la situation économique va continuer à s'améliorer, cela risque de diminuer encore davantage l'attractivité de nos armées et de nous conduire à des situations comparables à celles de nos voisins allemands et anglais, qui ont de fortes difficultés à recruter pour leurs armées.

Vous avez parlé de « fidélisation » – attractivité relative, plan Famille, prime de technicité, etc. Mon collègue Gaillard a évoqué l'information dans le cadre des cursus scolaire, qui permet ensuite le recrutement. J'aimerais vous interroger sur la mise en place du service national universel (SNU), qui va remplacer la journée défense et citoyenneté (JDC). Il sera une opportunité mais pourrait aussi constituer un problème pour le recrutement. Actuellement, la JDC dure une journée et représente un potentiel important de recrutement pour les armées : 700 000 jeunes, 30 000 prospects et 10 000 contrats signés chaque année.

Récemment, à Saint-Cyr Coëtquidan, avec Mme Darrieussecq, le Président de la République a demandé d'accélérer la montée en charge du SNU : il concernera 40 000 jeunes dès l'année prochaine, 160 000 en 2021 et 400 000 en 2022, soit la moitié de l'objectif. Ce peut être une formidable opportunité pour nos armées, mais à la lumière des résultats de 2018, nous devons également anticiper un risque : le SNU aura lieu à 16 ans, et non pas à 18 ans comme la JDC. Or, à 16 ans, les jeunes auront beaucoup de mal à s'engager deux ans à l'avance, d'autant qu'à cet âge, on change rapidement d'avis. Madame la ministre, avez-vous été alertée ? Avez-vous étudié des solutions pour que le SNU ne nuise pas gravement à la capacité de nos armées de continuer à recruter ?

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