Intervention de Bruno Gollnisch

Réunion du jeudi 6 juin 2019 à 9h10
Commission des affaires européennes

Bruno Gollnisch, membre du Parlement européen :

Monsieur le commissaire, cher ancien collègue, je ne vais pas entrer dans une polémique avec vous sur les résultats des élections. Il est facile de faire des projections faramineuses, selon lesquelles ce qu'on appelle les eurosceptiques ou les populistes – que je préfère appeler les nationaux et les défenseurs des identités – obtiendraient la majorité dans un futur Parlement… J'ai eu le bonheur de siéger six mandats consécutifs dans cette assemblée et je sais qu'ils étaient 3 % la première fois, puis 11 %, puis 19 %, et qu'ils sont aujourd'hui un tiers ! Je n'aurai pas non plus la cruauté de relever les contre-performances de votre famille politique d'origine – vous l'avez fait vous-même honnêtement.

Mais abordons les choses sérieuses. Vous avez dit, très justement, qu'il fallait que la fiscalité soit lisible. Nous sommes aujourd'hui le dernier jour où il est possible de remplir les déclarations d'impôts. Or, si l'on ne bénéficie pas d'un salaire déclaré par des tiers et qu'on a trois ou quatre revenus de sources différentes en France, on s'égare dans une déclaration fiscale qui comporte des centaines de rubriques et renvoie à des dizaines de déclarations annexes… C'est un véritable casse-tête. Je dirais qu'il y aurait moins de paradis fiscaux, s'il n'y avait pas autant d'enfers fiscaux !

À mon sens, l'enfer fiscal se définit non seulement en termes de taux – lesquels aboutissent parfois à une véritable spoliation – mais aussi en termes de complexité – laquelle peut être incroyable. Non moins de 60 % des membres du Gouvernement se sont ainsi, si l'on en croit les dernières informations, trompés, en toute bonne foi. Ils ont donc fait l'objet de redressements de la part de l'administration fiscale.

En ce qui concerne la situation économique, je n'aurai pas la cruauté de souligner la différence qu'il y a entre les performances, modestes, de la zone euro et celles d'autres pays développés tels que le Japon ou la Suisse. Mais, surtout, les pays membres, la Banque centrale, la Commission, sans doute aussi le Conseil européen ont échoué à faire de l'euro, dont je n'étais pas un adversaire résolu lorsqu'il fut créé, une monnaie de réserve et de référence pour les transactions internationales. C'est tout à fait dommageable, dans la mesure où, de leur côté, les États-Unis d'Amérique ne cessent de creuser leur déficit. Car si l'on parle beaucoup des déficits des pays européens, on pourrait s'intéresser aussi au déficit des USA, déficit qu'ils comblent en émettant des milliards de dollars…

Enfin, puisque nous parlons des États-Unis d'Amérique, est-ce que leur prétention à l'universalité des sanctions à l'égard de pays tiers, comme l'Iran, telle qu'ils nous l'imposent, ou bien les manoeuvres conjointes de l'administration fédérale et de la justice américaine n'aboutissent pas à de véritables spoliations ? Je pense à l'amende de sept milliards d'euros dont BNP Paribas a dû s'acquitter, sujet qui a laissé les autorités françaises absolument muettes. Mais je pense également aux cas d'Alstom et de General Electric.

Aujourd'hui, des procédures courent contre Airbus, Deutsche Bank, Total, le Crédit Agricole, tandis que Peugeot a dû se retirer du marché iranien. Je crains que, dans ce domaine, l'Europe, dont on nous dit qu'elle est une force qui nous permettrait de mieux négocier avec des États importants, comme la Chine ou les États-Unis, soit restée désespérément impuissante. J'aimerais avoir votre point de vue sur ce sujet.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.