Intervention de Alexis Corbière

Séance en hémicycle du mardi 18 juin 2019 à 21h30
Effectifs et masse salariale de l'État — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAlexis Corbière :

Vous en jugerez, mon cher collègue.

Ces suppressions font fi de toutes les urgences auxquelles notre pays est confronté et que le Premier ministre a rappelées dans sa déclaration de politique générale. L'État se retire et abdique.

Par exemple, malgré l'urgence écologique, l'Office national des forêts risque d'être privatisé, laissant nos forêts aux mains des appétits privés. Approuvez-vous cela, mes chers collègues ? En 2018, à périmètre constant, les dépenses de la mission « Écologie, développement et mobilité durables » ont diminué de 3 %. Des pans entiers de savoir-faire indispensables pour assurer une ambitieuse et nécessaire transition écologique sont balayés d'un revers de manche. Eh oui, mes chers collègues, c'est très concret !

Malgré l'urgence sociale, le Gouvernement continue la casse de l'hôpital. En effet, 800 postes ont été supprimés en 2018 et 2019 dans les hôpitaux de Paris. C'est n'importe quoi ? Allez dire cela aux personnels mobilisés !

Dans sa lettre aux Français, Emmanuel Macron disait vouloir trouver une solution aux colères ; en réalité, il n'a fait que les diluer ou les ignorer. Vos politiques s'appliquent alors même que la population augmente et, hélas, que la pauvreté progresse.

Une autre question nous semble essentielle, celle de la gestion des ressources humaines de l'État. Les chiffres relatifs à l'évolution des effectifs ne nous suffisent pas. Les nouvelles pratiques managériales à l'oeuvre dans la fonction publique touchent de plein fouet les agents publics. Plus de 75 services des urgences sont aujourd'hui en grève – je suppose que vous trouvez cela formidable, compte tenu de l'autocongratulation de l'action gouvernementale que nous avons entendue. Combien de burn-outs dans les services surchargés et sabotés par les politiques d'austérité ? Combien de cas de souffrance au travail et de maltraitance qui touchent les agents et rendent difficile, si ce n'est impossible, l'accomplissement de leurs missions ? La stratégie du déni doit cesser. Rien n'est communiqué, rien ne filtre, alors que tout commande de disposer de données précises pour dresser un état des lieux du bien-être au travail.

Ces phénomènes s'inscrivent dans une précarisation générale des conditions de travail. Aujourd'hui, 20 % des agents publics sont contractuels. En 2016, 70 % des contrats à durée déterminée avaient une durée inférieure à un an. Le pouvoir d'achat des fonctionnaires ne cesse de baisser depuis une dizaine d'années. Vous avez évoqué tout à l'heure le « printemps de l'évaluation », mais nous devrions plutôt parler de « l'hiver de la fonction publique » avec le gel du point d'indice, qui a permis à l'État d'économiser près de 100 milliards d'euros, soit le montant que représentent la fraude et l'évasion fiscales. En fait, les fonctionnaires paient pour les tricheurs.

Nous ne sommes pas contre une évaluation des effectifs de l'État, mais pour protester énergiquement contre l'ensemble des mauvais coups que vous portez à la fonction publique, nous ne soutiendrons pas cette proposition de résolution.

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